Douche froide

Edito
S. Barensky. Crédit : C. Deligey - Aerospatium.

Le 17 octobre, Volodymyr Zelensky était venu à la Maison Blanche pour demander des Tomahawks et on lui a demandé d’enterrer la hache de guerre en abandonnant ses terres à son agresseur. Pour le président ukrainien, les visites à son homologue américain ressemblent à des montagnes russes.

Certains y voient les conséquences d’une discussion téléphonique entre Donald Trump et le maître du Kremlin. Pour d’autres, le Pentagone ne veut pas se départir de ses missiles de croisière de longue portée. Ceux-ci permettraient à Kiev de frapper les infrastructures russes dans la profondeur. Donald Trump avait indiqué pouvoir en envoyer jusqu’à 2 000, mais les analystes estiment que la disponibilité réelle serait plutôt de l’ordre de 20 à 50, et la production chez Raytheon est ralentie.

Jusqu’à la prochaine volte-face américaine, Volodymyr Zelensky va donc devoir se contenter de sa production locale, avec le FP-5 Flaminho dévoilé en août dernier et qui pourrait frapper à 3 000 km. Les usines secrètes de l’industriel ukrainien Fire Point en produiraient un par jour.

Ce que rappelle cette affaire, c’est que pour pouvoir affirmer sa souveraineté, il faut avoir un maximum de cartes en mains. Si on ne peut pas tout maîtriser, il faut choisir ses alliés parmi ceux qui sont confrontés aux mêmes menaces. À cet égard, le rapprochement avec la Suède est significatif.

Pour Stockholm, la menace russe est un défi quotidien dans la Baltique. Le pays est peut-être le seul en Europe avec la France à avoir pousser aussi loin la maîtrise de sa propre défense. Hier c’était pour protéger sa neutralité, aujourd’hui pour peser dans les stratégies européennes.

À Paris aussi, la souveraineté n’est pas un vain mot, et plutôt que d’attendre d’hypothétiques missiles d’outre-Atlantique, on préfère les développer soi-même.

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