La bicyclette d’Elon Musk

Plus d’une année s’est écoulée depuis la dernière levée de fonds de SpaceX*. Selon les documents transmis à la SEC (Securities & Exchange Commission) la société d’Elon Musk avait obtenu 1,975 Md$ de généreux investisseurs en 2022. En 2021, elle avait déjà levé 1,85 Md$ et 2,25 Md$ en 2020 sans pour autant diluer les droits de votes majoritaires du milliardaire.

Est-ce à dire qu’après 21 ans d’activité, SpaceX sort de sa gestion de start-up pour devenir une entreprise mature ? Selon des chiffres obtenus par le Wall Street Journal, la société aurait réalisé un bénéfice de 55 M$ au premier trimestre sur un chiffre d’affaires de 1,5 Md$, après avoir fini dans le rouge de 559 M$ en 2022 et 968 M$ en 2021.

Le changement de braquet viendrait du succès de Starlink, dont le nombre d’abonnés a augmenté de 50 % en six mois et passé la barre de 1,5 million en mai. Ce succès a un coût : pour maintenir un débit de qualité à ses usagers, SpaceX doit lancer des satellites à tour de bras. Depuis le début de l’été, 14 lancements SpaceX sur 18 (78 %) ont été consacrés à la constellation et donc payés de sa poche par SpaceX. Avec 4 661 satellites (sur 5 005 lancés), elle représente aujourd’hui 2/3 des objets actifs sur orbite. Depuis 2019, SpaceX a dû effectuer plus de 50 000 manœuvres d’évitement de collision, dont la moitié au cours des derniers six mois, et cela ne peut qu’empirer.

Pour augmenter la capacité de sa constellation afin de rester compétitif et remplacer les satellites plus vite qu’ils ne tombent en panne, SpaceX va avoir besoin de son Starship. Pour Elon Musk, il va s’agir de continuer à pédaler suffisamment vite pour éviter de perdre l’équilibre tout en prenant garde à ne pas causer un accident, orbital ou industriel.

* Au printemps dernier, les fonds souverains saoudien et émirien auraient investi dans SpaceX dans le cadre d’une compensation pour un différend avec Elon Musk sur la gestion du cours de l’action Tesla, mais la SEC n’en a pas trace.

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