Le Luxembourg belge à l’heure de Galileo

Le Galaxia Business Park de Transinne. Crédit : DR.
La Commission européenne devrait annoncer prochainement la sélection du site belge de Redu pour abriter le centre de soutien logistique de sa constellation de satellites de navigation.

Dans les années 60, l’Europe spatiale a choisi une cuvette naturelle des Ardennes belges pour implanter une station de poursuite de satellites. C’était une compensation pour la sélection du site néerlandais de Noordwijk, choisi à la place de l’aéroport bruxellois de Zaventem pour implanter le centre technique scientifique et technique Estec, aujourd’hui le principal centre de l’ESA. Près du village de Redu, dans la commune de Libin, a ainsi pris forme une forêt de paraboles qui constitue aujourd’hui le Centre spatial européen de Redu. Le soutien technique est assuré par la société RSS (Redu Space Services), créée par SES Techcom et QinetiQ Space. Avec Spacebel, l’informaticien belge du spatial, il sert au contrôle des microsatellites Proba « made in Belgium » de l’ESA dont trois exemplaires observent l’environnement terrestre et l’activité solaire. Il abrite aussi la banque de données SSA (Space Situational Awareness) sur l’état du milieu spatial pour le SIDC (Solar Influences Data analysis Center) de l’Observatoire Royal de Belgique.

Libin-sur-Espace

Aujourd’hui, sur 20 hectares d’un paysage rural, une cinquantaine d’antennes blanches sont, pour la plupart, pointées vers des satellites géostationnaires. SES, l’un des plus grands opérateurs de satellites de télécommunications, basé au Grand-Duché voisin, y a aussi établi son centre de contrôle de secours. Redu est surtout impliqué dans les grands programmes spatiaux de la Commission européenne. Il participe au système géostationnaire EDRS (European Data Relay Satellite) dans le cadre du partenariat ESA-Airbus Defence & Space pour la réception à haut débit des données collectées par les satellites en orbite – principalement les Sentinel du système Copernicus.

Il joue aussi un rôle primordial dans la mise en œuvre de la trentaine de satellites de la constellation de navigation Galileo durant leur déploiement, grâce à des moyens spécifiques – dont une parabole orientable de 20 m – pour mener à bien la campagne IOT (In Orbit Testing) de vérification sur orbite de chaque satellite. Le centre valide et certifie le fonctionnement de toutes les plateformes sur orbite, puis assure le suivi pendant leurs dix ans de durée de vie prévue.

Non loin du Centre de l’ESA, a côté de l’Euro Space Center de Transinne, un complexe moderne de type modulaire, alimenté par des panneaux solaires, accueille le centre d’entreprises « Galaxia » dédié aux applications spatiales intégrées (navigation, liaisons mobiles, géo-management…). L’ESA y a implanté l’un des deux incubateurs technologiques belges : l’ESA BIC (Business Incubation Centre) Redu.

Prague déclare forfait

En 2016, ce « Galaxia » Business Park va connaître un nouvel essor dans le domaine de la navigation par satellites en se mettant au service de la Commission européenne pour les activités de maintenance du système Galileo. La Belgique, avec la région Wallonne, soutenue par le groupe intercommunal de développement économique Idelux, a présenté la candidature du site pour accueillir le Galileo Integrated Logistics Support Centre : il s’agit du centre de logistique du segment sol de Galileo qui comprend une quarantaine de stations de référence du temps, dites GSS (Galileo Sensor Stations), sur l’ensemble du globe. La République Tchèque, qui accueille déjà à Prague le siège social et administratif de la GSA (European Global Navigation Satellite System Agency), opérateur du système pour la Commission, était également sur les rangs. L’évaluation des offres a donné la préférence au dossier belge dont l’expertise avait la meilleure base, et le gouvernement tchèque a annoncé son retrait.

Reste à la Commission européenne à officialiser ce choix au début de 2016. À charge pour la Belgique de construire le bâtiment grâce à des cofinancements. Le groupe Idelux se verra confier la construction sur mesure du centre de soutien logistique intégré, qui s’étendra sur 2 000 m2. Mis à disposition de la Commission, il est conçu pour être opérationnel pendant une vingtaine d’années. Il faudra ensuite désigner l’opérateur de ce centre. La société Vitrociset Belgium, qui est implantée à Redu et Transinne depuis des décennies, est bien positionnée pour jouer ce rôle qu’elle prépare depuis le démarrage du programme Galileo. Elle est déjà impliquée dans la sécurisation des signaux Galileo et assure la fourniture d’équipements GSS dans le monde dans le cadre du consortium européen SpaceOpal, formé par Telespazio (avec Thales Alenia Space Deutschland) et le DLR.

Une constellation de centres Galileo

L’attribution des responsabilités pour le contrôle de la constellation européenne de satellites de navigation est un problème épineux depuis les origines du programme et une des causes politiques des nombreux retards. La France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni s’étant affrontés pour accueillir le centre de contrôle de Galileo, il a été décidé d’en construire quatre, redondants deux par deux. Ainsi, deux GCC (Galileo Control Centres) ont été implantés à Fucino dans les Abruzzes et à Oberpfaffenhofen en Bavière pour assurer la gestion de la constellation et générer le signal du temps de référence GST (Galileo Standard Time). Parallèlement, deux GSMC (Galileo Security Monitoring Centres), chargés de la gestion des signaux et de leur intégrité, ont été créés à Saint-Germain-en-Laye, près de Paris, et à Swanwick, près de Southampton.

Le siège de la GSA a été installé à Praque tandis que le GSC (GNSS Service Centre) qui fait l’interface avec les utilisateurs est implanté à Madrid.

Cet article a été publié dans le numéro 0.3 d’Aerospatium, daté du 12 décembre 2015.

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