Il y a une vingtaine d’années, BBC Scotland avait pris l’habitude de m’interviewer sur des sujets spatiaux. Sans doute aimaient-ils mon accent si particulier. En ce jour de 2003, ils avaient décidé de m’interroger sur l’achat d’un petit satellite d’observation par le Nigeria. J’avais dû leur expliquer qu’un satellite de ce type coûtait moins cher qu’un jet de combat. Si Lagos avait acheté un F-16, ils n’auraient même pas relevé l’information. Par ailleurs, même s’il y avait de la pauvreté dans le pays, le Nigeria n’était pas un pays pauvre. Enfin j’ai dû rappeler que les satellites avaient un rôle très important à jouer là où l’infrastructure au sol faisait défaut.
J’ose espérer que près d’un quart de siècle plus tard, la vision paternaliste de l’Afrique et la vision dispendieuse du spatial sont des choses du passé.
L’inauguration de l’ASAf (Agence spatiale africaine), ce 20 avril au Caire, me donne de l’espoir. Il aura fallu neuf ans à l’Union africaine pour mener à bien ce projet : mettre sur pied une agence qui coordonnera les activités spatiales de ses 55 pays membres.
Le spatial a un rôle à jouer en Afrique, qu’il s’agisse de fournir un accès Internet à tous (et pas seulement via Starlink), de gérer les ressources naturelles, de surveiller le climat, ou de suivre les populations de moustiques porteuses de maladies. Il y a peu, le Centre spatial de l’Université de Montpellier, accueillait des équipes venues de Djibouti et du Sénégal qui y ont préparé leurs premiers cubesats. À l’autre bout du spectre, Simera, concepteur sud-africain d’imageurs spatiaux, est venu installer une filiale à Toulouse.
Car l’Afrique ne se réduit pas à des besoins, elle est aussi une terre de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. Il serait dommageable de la réduire à un marché quand elle peut être un partenaire.
[…] L'inauguration de l'ASAf (Agence spatiale africaine), ce 20 avril au Caire, est une source d'espoir pour l'avenir de l'Afrique. […]