Après Boeing, la Nasa commande un vol à SpaceX

Une Crew Dragon en préparation pour un vol d’essai. Crédit : SpaceX.
Six mois après avoir pris son billet pour l’envoi d’astronautes vers l’ISS sur une capsule CST-100 Starliner, la Nasa vient de notifier à SpaceX un contrat similaire sur une capsule Crew Dragon. L’ordre des vols sera spécifié ultérieurement.

Les deux capsules sélectionnées par la Nasa en septembre 2014 dans le cadre du contrat CCtCap (Commercial Crew Transportation Capability) sont encore en cours de développement et doivent effectuer chacune deux vols, l’un inhabité, l’autre avec un équipage, pour être qualifiées et certifiées, mais si elle veut pouvoir assurer des rotations d’équipages vers la Station spatiale internationale dès l’expiration de son contrat actuel avec Roskosmos, l’agence spatiale américaine doit prendre les devants. C’est pour cela qu’après avoir passé commande à Boeing d’un vol régulier en mai dernier, la Nasa a choisi d’en faire autant avec SpaceX. Le marché CCtCap (Commercial Crew Transportation Capability), d’une valeur maximale de 4,2 Md$ pour Boeing et 2,6 Md$ pour SpaceX, engage la Nasa à attribuer un minimum de quatre missions, Boeing et SpaceX étant éligibles pour deux à six missions chacun. La commande d’un autre vol à Boeing pourrait d’ailleurs intervenir rapidement a laissé entendre Kathy Lueders, qui dirige le CCP (Commercial Crew Program) de la Nasa.

L’ordre dans lequel ces deux premières missions voleront sera défini ultérieurement. Les contrats prévoient que les premières commandes soient passées avant la certification des deux capsules. Les industriels peuvent ainsi engager à l’avance leurs approvisionnements les plus longs afin d’être prêts pour une première mission dès la fin de 2017. Par la suite, les missions seront notifiées par la Nasa de deux à trois ans à l’avance. Chaque mission emportera jusqu’à quatre astronautes de la Nasa (ou de ses partenaires internationaux) ainsi que 100 kg de fret. La capsule pourra rester amarrée à l’ISS jusqu’à sept mois.

Un nouvel intérieur pour la capsule de SpaceX. Crédit : SpaceX.
Un nouvel intérieur pour la capsule de SpaceX. Crédit : SpaceX.

SpaceX vient de passer l’étape de la revue de définition critique de l’ensemble du système (capsule Crew Dragon et lanceur Falcon 9), ce qui va lui permettre de passer à la phase de fabrication, d’assemblage, d’intégration et d’essais. À la suite d’un premier essai d’éjection d’urgence au niveau du sol le 8 juin dernier, plusieurs profils de propulsion des moteurs SuperDraco ont été testés au banc sur le site d’essais de SpaceX à McGregor, au Texas.

De son côté, Boeing poursuit ses propres développements. United Launch Alliance (ULA) a entamé en octobre la construction d’une tour pour accéder à la capsule au sommet du lanceur sur le pas de tir n°41 de Cape Canaveral, tandis qu’Aerojet Rocketdyne a signé le 23 novembre un contrat de près de 200 M$ pour fournir au moins sept lots de systèmes de propulsion pour la Starliner. Un essai de la propulsion du module de service et un essai d’éjection d’urgence sont prévus à White Sands fin 2016 et début 2017. Suivront un vol orbital d’essai sans équipage annoncé pour avril 2017 sur un Atlas 5/422 et un premier vol habité en août suivant, avec deux astronautes, un de Boeing et un de la Nasa.

SpaceX voudrait griller la politesse à son concurrent avec un calendrier très ambitieux : premier vol orbital inhabité de la Crew Dragon à la fin de 2016 et premier vol habité, avec deux astronautes de la Nasa, en mars 2017.

La grande inconnue budgétaire

Le calendrier pour l’introduction des capsules Starliner et Crew Dragon dépend du niveau de financement attribué au CCP dans les prochains budgets. Toute nouvelle coupe entraîne des retards et force la Nasa à commander à Roskosmos des places sur des Soyouz pour garantir la rotation de ses équipages vers l’ISS. Le Congrès a tendance à favoriser les programmes de lanceur géant SLS et de capsule d’exploration Orion en siphonnant l’accès commercial à la Station. Pour l’année fiscale 2016, qui a débuté le 1er octobre, la Nasa a demandé 1 243,8 M$ pour le CCP. Le Congrès pourrait finalement lui allouer 900 M$. En 2015, le CCP s’est vu attribuer 805 M$ pour 848,3 M$ requis, et en 2014, il a reçu 696 M$ au lieu de 821,4 M$. Le 5 août, l’administrateur de la Nasa, Charles Bolden, s’est fendu d’une lettre incendiaire au Congrès pour expliquer que, faute de fonds, il ne pourra plus payer Boeing et SpaceX dès l’été 2016, mais qu’il a dû prolonger son contrat avec Roskosmos de 490 M$ afin de garantir un accès à l’ISS jusqu’en 2019.

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