Avec Prométhée, le Cnes se prépare à la réutilisation

Baie de propulsion du premier étage du Falcon 9 après récupération. Crédit : SpaceX.

Le récent succès de SpaceX avec la récupération du premier étage de son nouveau lanceur Falcon 9 FT le 22 décembre 2015 a ouvert la voie à de futures tentatives de réutilisations d’étage. Si elles s’avèrent concluantes d’un point de vue technique et opérationnel, elles pourraient changer la donne du transport spatial commercial.

Dans le cadre du programme LEE (Launcher Evolution Elements), adopté par l’ESA à la ministérielle de Luxembourg et financé à hauteur de 3 M€ par la seule contribution française, le Cnes a lancé le 12 novembre dernier avec Airbus Safran Launchers des études sur un moteur réutilisable d’environ 1 000 kN de poussée et destiné à la propulsion d’un premier étage, lui aussi récupérable et réutilisable. Ce moteur, baptisé Prométhée, utiliserait pour ergols de l’oxygène liquide et un hydrocarbure, qui pourrait être du méthane liquide ou du kérosène.

Ces études se placent dans la continuité d’études précédentes sur la propulsion à l’oxygène et au méthane liquides qui ont déjà largement préparé le terrain. Ainsi le motoriste Snecma a-t-il étudié avec ses homologues russes NPO Energomach et KB Khimavtomatiki de 2002 à 2005 un moteur réutilisable Volga de 4 000 kN. Le Cnes a poursuivi avec Roskosmos de 2005 à 2011 l’étude Oural pour un lanceur semi-réutilisable, tandis qu’Airbus développe depuis 2007 un moteur Roméo de 500 kN pour son concept d’avion suborbital et son démonstrateur de réutilisation Adeline.

Pour Jean-Marc Astorg, à la tête de la Direction des lanceurs du Cnes, il ne s’agit pas de concurrencer Ariane 6, dont le développement demeure prioritaire, mais de se doter des briques technologiques nécessaires pour réagir si les caractéristiques du marché venaient à évoluer en faveur de la réutilisation.

En attendant, SpaceX doit expertiser l’étage récupéré et éventuellement tenter de le mettre à feu au sol pour démontrer la réutilisation des moteurs Merlin 1D. La question du coût de la remise en état et de la re-certification de l’étage récupéré reste entière. De la réponse qui y sera apportée dépendra la définition du seuil de rentabilité de la procédure et donc la pertinence des choix technologiques.

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