L’envol éphémère du Super Strypi

Le petit lanceur Super Strypi. Crédit : US Air Force.
Le premier vol d’un système conçu pour mettre sur orbite, à bas coût et avec un court préavis, des microsatellites pour le compte du bureau ORS (Operationally Responsive Space) du Pentagone, s’est soldé par un échec.

Le petit lanceur Spark (Spaceborne Payload Assist Rocket), alias « Super Strypi », a été tiré du polygone de tir de Barking Sands, sur l’île de Kauai dans l’archipel hawaïen, le 4 novembre à 3 h 45 TU. Une défaillance en fin de propulsion du premier étage a entrainé une perte de contrôle et la destruction du véhicule après environ une minute de vol. Développé par le Hawaii Space Flight Laboratory (HSFL) de l’université d’Hawaï, le laboratoire Sandia et Aerojet Rocketdyne dans le cadre d’un programme baptisé Leonidas (Low Earth Orbit Nanosatellite Integrated Defense Autonomous System), le Spark est un triétage à propulsion solide de 17 m de long, dérivé de la fusée sonde Strypi, et conçu pour placer 250 kg sur orbite basse.

Pour ce vol inaugural, il emportait treize charges utiles. La principale était le microsatellite Hiakasat (55 kg) développé par les étudiants de l’université d’Hawaï à Honolulu pour tester des capteurs hyperspectraux. Il était accompagné de douze cubesats, dont huit développés par le centre spatial Ames de la Nasa pour tester l’utilisation d’essaims de nanosatellites à faible coût pour des tâches scientifiques (ici la mesure de radiations) et deux cubesats étudiants des universités de St. Louis (Argus) et du Montana (Printsat) sélectionnés dans le cadre du programme Elana (Educational Launch of Nanosatellites). Le National Reconnaissance Office sponsorisait pour sa part Stacem, un cubesat de l’Utah State University chargé de tester des capteurs optiques. Enfin, Pumpkin Inc., fournisseur de plateformes cubesat en kit avait placé à bord un démonstrateur de sa nouvelle plateforme Supernova, pour les missions de classe 6U (six unités de base de 10 x 10 x 10 cm).

Le bureau ORS de l’US Air Force aurait investi 45 M$ dans la mission et la Nasa au moins 13,6 M$. De son côté, le HSFL a reçu 29 M$ d’aides gouvernementales en sept ans pour développer le Spark et a investi 2 M$ sur fonds propres pour ses projets de microsatellites. En dépit de l’échec, il aurait reçu des demandes de plusieurs clients potentiels dans les jours qui ont suivi. Un second vol pourrait avoir lieu dès 2016 mais son financement reste incertain.

Selon l’US Air Force, un vol Spark reviendrait à 15 M$, avec une possibilité de descendre à 12 M$ en cas de production en série.

Cet article a été publié dans le numéro 0.1 d’Aerospatium, daté du 14 novembre 2015.

AUCUN COMMENTAIRE