Premier largage du missile BrahMos

Un Su-30MKI porteur du BrahMos A. Crédit : BrahMos Aerospace.
Un Su-30 de l’armée de l’air indienne a effectué avec succès le premier tir d’un missile de croisière supersonique russo-indien BrahMos le 22 novembre.

Le développement du plus rapide de tous les missiles de croisière arrive à son terme. Initié en 2001, il avait déjà permis de qualifier une première version mise en œuvre du sol en 2006 et à partir de navires de surface en 2008 au travers de plus de quarante tirs d’essais. La qualification de la version aérienne, capable d’atteindre Mach 2,8, a dû attendre la disponibilité d’un appareil susceptible de larguer le missile de 2,55 t.

Une quarantaine de Sukhoi Su-30MKI ont dû être modifiés par Hindustan Aerospace Ltd. (HAL) pour emporter le missile à capacité nucléaire. Les premiers devaient initialement être disponibles en 2011, mais ils n’ont été livrés que cinq ans plus tard. Le premier tir a finalement pu être réalisé au dessus du centre d’essais du DRDO (Defence Research & Development Organisation) de Balasore dans la province d’Orissa.

Le BrahMos A est équipé d’un capot protecteur éjectable pour l’entrée d’air de son statoréacteur. Crédit : DRDO.

Le missile BrahMos A de 8,4 m de long a été largué du Su-30 (22 m de long) et après une chute libre d’une dizaine de secondes, il a mis à feu ses deux moteurs (à propergol solide puis statoréacteur). Il a ensuite frappé avec succès sa cible, ancrée dans la baie du Bengale.

Le largage a été suivi d’environ 12 secondes de chute libre. Crédit : DRDO.

Cet essai fait suite à une premier vol sans largage le 25 juin 2016, qui avait permis de démontrer l’intégration du système. La campagne d’essais en vol va encore se poursuivre pendant un an avant l’entrée en service de cette configuration en 2019.

Contrôle de l’océan indien

L’aérolargage permet d’ajouter aux 300 km de portée du missile, les 1 200 à 1 500 km de rayon d’action de l’appareil de fabrication russe afin de donner à l’Indian Air Force la capacité de frappe en profondeur en territoire « ennemi ». Après avoir rejoint le régime international MTCR (Missile Technology Control Regime) de contrôle de la prolifération en 2016, l’Inde a engagé des travaux sur l’extension de la portée du missile BrahMos jusqu’à 600 voire 900 km. La version BrahMos ER (Extended Range) a été testée une première fois en mars avec une portée de 400 km. Un test à 900 km est prévu en 2019 et une version hypersonique BrahMos 2 est également en cours de développement.

Trente-six à cinquante Su-30MKI vont être répartis en deux escadrilles équipées de BrahMos et déployées sur la côte Ouest de l’Inde et dans les archipels d’Andaman et Nicobar pour assurer la couverture de l’ensemble de l’océan Indien avec une capacité antinavire et contrer l’éventuelle menace chinoise sur la région. Cette capacité reste toutefois limitée par la capacité de surveillance maritime indienne et par la qualité du système de navigation par satellite IRNSS (Indian Regional Navigation Satellite System) actuellement dégradé par des pannes intervenues sur des horloges atomiques à bord d’au moins un des sept satellites.

Selon les analystes américains, l’Inde disposerait actuellement de 64 missiles BrahMos en dotation. Plus de 200 ont été commandés en 2012 pour 60 Md de roupies (840 M€) à la coentreprise BrahMos entre la DRDO et l’industriel russe NPO Machinostreniyé (NPOM).

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