L’Europe à zéro

Selon un récent rapport d’analyste, au premier trimestre 2024, SpaceX aurait placé 429 t de charge utile sur orbite. L’ensemble des lanceurs chinois en aurait lancé 31,5 t, la Russie 23,8 t, le Japon 4,8 t, l’Inde 2,7 t, le reste des États-Unis 1,8 t et l’Iran 90 kg. La firme d’Elon Musk, conclut-il, représente 87 % du tonnage sur orbite, ce qui constituerait un nouveau record. L’Europe, elle, est à zéro.

On aura beau rappeler que cette métrique est stupide, car elle ne différencie pas ce qui constitue ce tonnage ni l’orbite visée. Elle donne la prime à celui qui place des enclumes sur orbite basse par rapport à celui qui lance des sondes miniatures vers l’espace lointain. Elle ne vaut pas mieux que de compter les satellites (un cubesat équivalant alors à une station orbitale) ou les lancements, ce qui ferait tomber le score de SpaceX à 51 %. Mais, peu importe comment l’on compte, l’Europe, elle, reste à zéro.

Dans ces conditions, comment le reste du monde peut-il prendre au sérieux les efforts européens pour doter les activités orbitales d’un semblant de règles, voire d’un véritable contrôle comme celui dont bénéficie le trafic aérien ?

Le débat sur la loi spatiale européenne patine. À Bruxelles, l’ESA s’enorgueillit d’avoir récolté la signature de douze États pour sa « Charte Zéro Débris ». Une centaine d’organisations, agences et industriels devraient suivre à partir du salon ILA de Berlin, début juin.

La France, elle, n’en est pas. Pour Paris, l’ESA n’est pas dans son rôle. Ce devrait être à la Commission européenne de s’en charger, car le dossier est politique autant que technique, et les règles doivent être ciselées pour pouvoir s’imposer sans ruiner la compétitivité de nos industries.

Pendant ce temps, SpaceX poursuit méthodiquement son occupation de l’orbite basse grâce à Starlink (6 042 satellites sur orbite) et y dicte de facto ses propres règles.

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[…] L'Europe tente, avec peine, de définir des règles de bonne conduite sur orbite alors que de facto, le sujet semble lui échapper entièrement.  […]