Farnborough 2016 : salon pluvieux, salon heureux ?

Farnborough Air show 2016. Photo By Phil Weymouth

Pris dans une tempête de pluie toute britannique qui a amputé la première journée, le salon a néanmoins été l’occasion de signer plus de 112 Md€ de contrats et pour Boeing de fêter ses 100 ans. Les incertitudes provoquées par le Brexit – avec un changement de Premier ministre en pleine semaine – ont été mises de côté par les industriels britanniques qui ont mis en avant leurs réussites, leurs contrats et leur participation à des programmes européens et américains. Le F-35, équipé par Rolls Royce et MBDA, les hélicoptères italo-britanniques de Leonardo-Finmeccanica et même les projets spatiaux britanniques ont été largement mis à l’honneur par les exposants. Réalisé avec Caroline Bruneau et Stefan Barensky

Boeing ne confirme pas

Le 737MAX à Farnbrough. Crédit : Farnbrough Air show
Le 737MAX à Farnbrough. Crédit : Farnbrough Air show

En dépit d’une semaine plutôt remplie en terme de contrats avec 139 avions et 22,3 Md$ de commandes fermes (plus la révélation du nom de cinq clients), Boeing n’a pas répondu à toutes les attentes lors du salon de Farnborough. Malgré une forte attente, l’avionneur américain n’a ainsi pas profité du show britannique pour lancer officiellement son projet « MOM ».
L’enjeu est pourtant majeur pour Boeing : il s’agit de se repositionner sur le « Middle of market », qui glisse petit à petit dans les mains d’Airbus. Jusqu’ici l’apanage du 757, ce segment s’offre désormais à l’A321neo et à sa version à l’autonomie renforcée A321LR (capable de franchir 7 400 km). Pas moins de 140 exemplaires des deux modèles ont ainsi été vendus durant le salon (dont des conversions de commandes précédentes d’A320neo).
Boeing a tout de même confirmé travailler à une riposte pour la prochaine décennie. D’ici là, un 737 MAX 10 pourrait voir le jour.

Opération séduction pour le Superjet 100

SuperJet 100-95B. Crédit : Superjet International.
SuperJet 100-95B. Crédit : Superjet International.

Fort d’un premier opérateur en Europe occidentale, le SSJ100 n’a pas laissé passer l’occasion de se montrer lors de Farnborough. Invitée à s’exprimer par Supejet International (coentreprise entre Sukhoï et Leonardo qui commercialise l’appareil russe dans « l’Hémisphère Ouest ») et PowerJet (coentreprise entre Safran Aircraft Engines et NPO Saturn qui fournit le moteur SaM146), la compagnie irlandaise CityJet a livré ses premières impressions après un mois d’exploitation.
Son président exécutif, Pat Byrne, en a profité pour exposer l’échéancier des livraisons de ses 15 avions. Deux ont déjà été livrés et les six suivants doivent arriver d’ici la fin du premier semestre 2017. Le calendrier des huit suivants dépendra de la certification du SSJ100 pour opérer sur la courte piste l’aéroport de London City (une des bases principales de CityJet).
Pat Byrne a aussi évoqué son manque d’intérêt pour une version allongée de l’avion : « nous cherchions un appareil de 100 sièges, pas de 120 ».

 

Le CSeries adoucit le salon de Bombardier

Le CS100 de Swiss arrive à Farnbrough. Crédit : Bombardier.
Le CS100 de Swiss arrive à Farnbrough. Crédit : Bombardier.

Bombardier aura vécu un Farnborough compliqué. À l’image du salon, innondé par les pluies torentielles lors du premier jour, le constructeur canadien a pris l’eau commercialement. Il n’a pu signer qu’une commande pour trois Q400 avec Porter Airlines.
Heureusement pour lui, le CSeries est venu masquer ce triste bilan avec deux annonces majeures. Bombardier a ainsi pu annoncer la certification de type (TC) par Transport Canada du CS300, version allongée du bimoteur régional, le 11 juillet en ouverture du salon. Quatre jours plus tard, c’était au CS100 d’entrer en piste ou plus exactement en service. L’avion a ainsi fait ses grands débuts au sein de la compagnie Swiss International Air Lines, avec un vol entre Zurich et Paris-CDG.

Red Arrows et A350  

Farnborough Air show 2016. Photo By Phil Weymouth
Farnborough Air show 2016.
Photo By Phil Weymouth

L’A350 a eu le privilège de voler avec les Red Arrows lors du salon. La perspective du Brexit, pour lequel les négociations commenceront seulement l’année prochaine, n’a pas assombri les annonces de commandes. Pour autant, la situation n’est pas encore éclaircie pour les usines britanniques d’Airbus, qui fabriquent les ailes des avions civils du groupe.
Le constructeur européen a par ailleurs annoncé qu’il allait passer à la cadence d’un A380 par mois… de mauvais augure pour l’avenir de l’avion géant européen.

 

L’A400M a volé avant la pluie

L'A400M avant son atterrissage. Crédit : Farnbrough Air show.
L’A400M avant son atterrissage. Crédit : Farnbrough Air show.

L’appareil de transport a été le dernier à voler le lundi avant que ne s’abatte le déluge sur Farnborough. La Royal Air Force a reçu dernièrement le 8e appareil sur les 22 qu’elle a commandés après avoir réduit sa demande initiale de 25 appareils. Les livraisons étaient censées s’achever en 2019, mais les derniers problèmes en date – criques sur le fuselage et révision toutes les vingt heures de vol des moteurs – pourraient repousser le délai de livraison.

 

Le Québec en force

Signature d'un accord entre AeroMontreal et Aerospace Valley FIA 2016 - crédit : C. Bruneau pour Aerospatium
Signature d’un accord entre AeroMontreal et Aerospace Valley FIA 2016 – crédit : C. Bruneau pour Aerospatium

Impossible d’échapper à la Belle Province sur le salon. Le Québec s’est offert une publicité importante avec des panneaux dans tous les halls qui expliquaient où les trouver. La présence de Bombardier, fleuron de l’aéronautique québécoise, permettait de mettre la province à l’honneur. Le cluster Aéro Montréal a profité du passage du ministre Dominique Anglade (veste rose, au centre), pour signer un accord sur un concours étudiant avec Aerospace Valley en France. Montréal accueillera par ailleurs du 27 septembre au 7 octobre l’assemblée générale de l’OACI, précédée d’une journée consacrée au Forum mondial de l’aviation.

TAS-UK vise le marché des microsatellites

Concept Omnisat présenté par TAS-UK à Farnbrough. Crédit : ESA.
Concept Omnisat présenté par TAS-UK à Farnbrough. Crédit : ESA.

La filiale britannique de Thales Alenia Space a développé une plateforme modulaire pour s’attaquer à ce qui fut longtemps le fief du constructeur local SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd), à savoir le marché des microsatellites de 50 kg.
Le concept Omnisat bénéficiera des nouvelles technologies et intègrera notamment un système de propulsion utilisant des ergols non-toxiques, basé sur la solution HPGP (High Performance Green Propulsion) du Suédois ECAPS.

 

Réflecteur d’antenne Itar-free

Le modèle du réflecteur a été présenté dans la Space Zone. Crédit : S. Barensky.
Le modèle du réflecteur a été présenté dans la Space Zone. Crédit : S. Barensky.

La start-up Oxford Space Systems (OSS) a effectué une démonstration de sa technologie d’antenne déployable de grandes dimensions (2 à 15 m), segment actuellement monopolisé par les constructeurs américains Northrop Grumman et Harris. La technologie d’OSS sera complétée par le réflecteur lui-même, réalisé dans un polymère à mémoire de forme développé par OSS, ce qui lui permettra d’obtenir et conserver sa courbure sans multiples câbles tenseurs
« Nous nous concentrons sur des réflecteurs pour la bande Ka », explique Shefali Sharma, responsable du développement chez OSS. « La technologie sera également adaptable pour la bande Ku. » Dans le cadre du GSTP, un démonstrateur pourrait voler dans l’espace vers 2018-2019.

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