Le Bourget 2023, jour 1

Le Salon du Bourget le 18 juin 2023, à la veille de l'ouverture. Crédit : S. Barensky - Aerospatium.
Le Salon du Bourget s’est ouvert dès le dimanche 18 juin avec l’accueil des premiers visiteurs et les premières démonstrations et conférences de presse. Lundi marque le premier jour des rencontres professionnelles et des annonces des industriels. Cet article en accès libre est mis à jour en permanence au cours de la journée.

Commande record

Airbus a frappé très très fort au premier jour du salon : il a signé lors de l’après-midi sa plus grande commande ferme de l’histoire. La compagnie indienne IndiGo a bien commandé 500 appareils de la famille A320. Cela porte à 1 330 le nombre d’appareils A320 commandés par la compagnie auprès du constructeur européen.

Des drones, de la mobilité, des tests

Le petit avionneur rochelais Elixir Aicraft, fabricant d’un biplace en carbone innovant, a présenté devant le Paris Air Lab du Salon son nouveau prototype de modèle décarboné.

Développé dans le cadre d’un Corac en collaboration avec Air Liquide, Safran, Daher et Turbotech, ce programme a pour objectif d’accélérer la mise sur le marché d’avions à propulsion innovantes plus écologique tout d’abord au biocarburant puis ensuite à l’hydrogène. « Elixir Aircraft a choisi sa voix [sic]. Tout d’abord les biocarburants de type kérosène aviation (SAF) et ensuite de l’hydrogène liquide. Ainsi, Elixir Aircraft est en train d’intégrer sur son avion de 4ème génération, la turbine TP90, fonctionnant au biocarburant SAF, de Turbotech », a expliqué l’avionneur.

Le prototype décarboné. Crédit : Elixir Aircraft.

Rolls-Royce a annoncé que son petit moteur à combustion destiné aux eVtol et aux avions jusqu’à 19 places va commencer ses test à Dahlewitz en Allemagne. Ce moteur est destiné à alimenter le turbogénérateur qui pourra être utilisé dans des applications hybrides en série ou parallèles. Il est adapté pour recharger les batteries ainsi que pour fournir de l’énergie directement aux systèmes de propulsion électrique, permettant ainsi aux avions de passer d’une source d’énergie à l’autre en vol. Le nouveau moteur à combustion utilise les dernières avancées technologiques pour atteindre un gain d’efficacité significatif pour les petits turboréacteurs. Ce moteur sera testé avec des carburants d’aviation durables (SAF) dans les mois à venir et sera utilisé pour la mise en service de l’installation d’essais de Rolls-Royce à Dahlewitz.

Safran Electrical & Power de son côté va créer quatre lignes de production automatisées dédiées à ses moteurs électriques EngineUS. Deux seront installées à Niort et deux à Pitstone en Grande-Bretagne. Il s’agit pour le motoriste français de fabriquer mille moteurs par an dès 2026.

Le site de Pitstone accueillera les lignes de fabrication automatique de rotors et stators, les machines tournantes au cœur des moteurs, tandis que le site de Niort assurera la production automatique de l’électronique de puissance et l’assemblage final des moteurs.

Le premier moteur de la gamme EngineUS développé par Safran Electrical & Power et présenté au salon NBAA 2018. Crédit : E. Linsmier – CAPA Pictures – Safran.

Chaque ligne automatisée comprendra huit stations modulaires de travail capables de réaliser différentes opérations de vissage, collage et presse, en simultané, et qui pourront s’adapter aux modifications du produit.

Safran Electrical & Power s’appuie des partenaires : à Niort, la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) investit à hauteur de 50 % et le spécialiste en machines spéciales Baron développe les lignes automatisées et les stations de travail. À Pitstone, l’Aerospace Technology Institute (ATI) investit à hauteur de 50 % et le groupe Adelphi fournira les lignes et les stations de travail. Deux universités anglaises participent également.

Cinq constructeurs aéronautiques et start-up – VoltAero, Aura Aero, Bye Aerospace, Diamond Aircraft et CAE – ont déjà sélectionné les moteurs électriques EngineUs pour équiper leurs aéronefs 100 % électriques ou hybrides.

Tous les yeux sont tournés vers les drones, en particuliers le VoloCity des Allemands de Volocopter, qui doit voler lors des JO de 2024 à Paris.

Le VoloCity présenté au Bourget 2023 par Volocopter. S. Barensky – Aerospatium.
Concurrent de Volcopter, Wisk avance un argumentaire massue pour le concept. Crédit : S. Barensky – Aerospatium.

Le Salon a d’ailleurs lancé le Paris Air Mobility pour voir tous ces modèles de mobilité urbaine volante. Il réunit tous les acteurs clés du secteur, avec en premier lieu les concepteurs d’eVTOLs : EHang (Chine), Volocopter (Allemagne), Lilium (Allemagne), Archer Aviation (États-Unis), Ascendance Flight Technologies (France), Eve air mobility (Brésil), Joby Aviation (États-Unis) et AutoFlight (Allemagne). Le véhicule de l’Américain Wisk Aero est exposé dans un autre espace partenaire du Paris Air Mobility. Également représentés, Airbus propose une expérience holographique et le motoriste Rolls-Royce un focus sur la propulsion électrique. Enfin, les acteurs ADP et Sita présentent les technologies et infrastructures développées, des vertiports aux logiciels bord-sol.

Le véhicule de Ehang et FACC. Crédit : SIAE.

Le modèle Midnight de Archer. Crédit : SIAE.

Le véhicule des Américains de Wisk Aero :

Le véhicule de Wisk au Bourget 2023. Crédit : S. Barensky – Aerospatium.
L’intérieur du véhicule de Wisk au Bourget 2023. Crédit : S. Barensky – Aerospatium.

Nouveaux besoins pour nouveaux avions

Selon Boeing, qui publie toujours ses prévisions à vingt ans à l’aube du Salon, l’aviation commerciale aura besoin de 42 600 nouveaux appareils au cours des vingt prochaines années pour une valeur totale estimée à 8 000 Md$. En tout, la flotte mondiale devrait doubler pour atteindre 48 600 avions.

Le géant américain s’appuie sur des éléments concrets : en premier lieu, la demande de voyages aériens dépasse la croissance économique, tirée par le plein rétablissement des marchés intérieurs ; le trafic international retrouvera son niveau prépandémique d’ici à 2024. Boeing table sur une baisse relative des émissions malgré ses nouveaux appareils, car ils remplaceront des modèles plus polluants.

Les pays d’Asie-Pacifique représenteront plus de 40 % de la demande mondiale, dont la Chine pour moitié, avec la flotte d’Asie du Sud qui devrait croître de plus de 7 % par an. L’Inde totalisera à elle seule plus de 90 % du trafic passagers de la région. L’Amérique du Nord et l’Europe représenteront chacune 20 % environ de la demande mondiale. L’explosion du trafic low cost devrait se poursuivre, ces compagnies représentant 40 % de la flotte de monocouloirs en 2042 contre 10 % en 2003.

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Atterrissage du 777X pour son premier salon du Bourget. Crédit : Boeing.

La demande devrait donc rester très forte sur les monocouloirs qui représenteront plus de 75 % de l’ensemble des avions livrés, en légère hausse par rapport aux chiffres annoncés en 2022. Mais Boeing croit toujours à la nouvelle génération de nouveaux gros-porteurs qui représenteront près de 20 % des livraisons avec plus de 7 400 appareil. Enfin, l’américain, qui est leader sur les avions de fret, anticipe que la croissance du fret aérien demeurera supérieure à celle du commerce mondial avec des besoins évalués à 2 800 unités, parmi lesquelles plus de 900 nouveaux gros-porteurs.

Le Gifas promeut la filière

Le groupement des industriels français de l’aéronautique et du spatial, qui organise le Salon, a publié un sondage commandé à l’Ifop sur la vision des Français sur le secteur, récolté auprès d’un échantillon de 1 006 personnes. Dans un contexte de remise en cause du transport aérien pour des raisons écologiques, le Gifas insiste sur l’attachement des Français à l’avion.

Le Salon au matin du 19 juin 2023. Crédit : H. Chachaty – Aerospatium.

En premier lieu, les Français semblent attachés à l’avion et à l’aspect technologique qui en dépend : 91 % des Français interrogés pensent que l’avion constitue le meilleur moyen de voyager sur des distances relativement importantes ; 88 % estiment que l’industrie aéronautique constitue une vitrine du savoir-faire français à l’international dans le domaine des technologies de pointe ; 84 % des Français aiment prendre l’avion (parmi ceux qui ont pris l’avion au cours des cinq dernières années, soit 53 % de l’échantillon).

En ce qui concerne les questions écologiques, les Français interrogés se montrent confiants : 72 % pensent que le secteur aéronautique parviendra dans les années qui viennent, à innover pour réduire l’impact du transport aérien sur l’environnement et 66 % des Français sont optimistes concernant les travaux de recherche des principaux industriels pour innover afin de davantage protéger l’environnement (seuls 20 % ne le sont pas).

Tout électrique

L’écologie et l’électrification seront deux sujets majeurs du salon cette année. Les annonces se bousculent sur ce sujet.

VoltAero a dévoilé aujourd’hui le premier avion partiellement électrique hybride Cassio 330, premier membre d’une famille d’avions associant une conception entièrement nouvelle de la structure avec un système de propulsion hybride exclusif.

VoltAero revendique un concept unique : le Cassio utilisera un moteur électrique dans l’unité de propulsion hybride montée à l’arrière du fuselage pour une alimentation entièrement électrique pendant le roulage, le décollage, le vol principal (si la distance parcourue est inférieure à 150 km) et l’atterrissage. La fonction hybride – avec un moteur à combustion interne – permettra de prolonger l’autonomie, rechargeant les batteries pendant le vol. Cet élément hybride sert de solution de secours en cas de problème avec la propulsion électrique, garantissant ainsi une véritable sécurité intégrée.

Le prototype numéro 1 du Cassio 330 devrait effectuer son premier vol à la fin de l’année 2023. Cet avion sera utilisé pour valider la configuration générale de la structure et l’aérodynamique de la conception entièrement nouvelle de Cassio. Il sera propulsé par un moteur thermique à quatre cylindres de Kawasaki Motors.

Le Cassio. Crédit : VoltAero.

Le premier vol du prototype numéro 2, électrique, du Cassio 330 aura lieu au deuxième trimestre 2024. Cet avion sera utilisé pour le programme de certification de navigabilité et sera équipé de l’ensemble de propulsion hybride complet de VoltAero, composé du moteur thermique à quatre cylindres de Kawasaki Motors (d’une puissance maximale de 165 kW) et d’un moteur électrique intelligent Safran EngineUs (d’une puissance maximale de 180 kW).

VoltAero a choisi l’entreprise française Akira Technologies pour l’intégration et la validation de l’ensemble de propulsion hybride du Cassio. Elle sera en charge de la conception et du développement de la boîte de vitesses de l’ensemble de propulsion hybride de Cassio. Elle devra aussi mener l’essai et l’adaptation du moteur thermique de Kawasaki et du moteur électrique de Safran.

Les Cassio seront assemblés dans une usine en cours de construction sur l’aéroport de Rochefort Charente-Maritime en Nouvelle-Aquitaine.

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