L’œil de Moscou se dévoile sur la Syrie

Ressours P2 en renfort du dispositif militaire.
Transparence ou propagande ? La Russie a dévoilé son dispositif spatial pour surveiller le conflit au Moyen-Orient.

Dix satellites russes sont mobilisés pour soutenir l’effort militaire en Syrie, a annoncé le 17 novembre le général Valery Guérassimov, chef d’État-major des forces armées de la fédération de Russie et vice-ministre russe de la Défense. Bien que parmi ceux-ci figurent plusieurs satellites d’observation civils, le message retransmis est clair : le dispositif spatial russe en soutien aux opérations extérieures est opérationnel.

La fin de l’obsolescence 

Après la chute de l’Union soviétique, le segment spatial de la Défense russe a souffert de l’obsolescence de ses composantes et du non renouvellement des constellations faute de crédits. Ces temps sont révolus. Le dernier satellite optique Kobalt M (Kosmos 2505) est revenu sur Terre le 17 septembre avec ses films argentiques et désormais toute l’observation se fait au moyen de satellites électro-optiques. De même le déploiement de la nouvelle constellation d’alerte antimissiles vient de démarrer, également le 17 novembre.

Le détail des moyens mis en œuvre sur la Syrie n’a pas été donné, mais il est en grande partie identifiable. La surveillance optique du théâtre d’observation a été confiée au satellite Bars M1 (Kosmos 2503), lancé en février et dont la caméra multispectrale OEK Karat fournit des images 1,3 m de résolution. Il est vraisemblablement renforcé par les satellites civils Resours P et P2. Lancés en juin et décembre 2014, ceux-ci disposent d’imageurs à résolution métrique en panchromatique avec une capacité hyperspectrale à 4 m de résolution. L’identification des cibles et l’observation détaillée du résultat des frappes est le rôle des satellites optiques à haute résolution Persona n°2 et 3 (Kosmos 2441 et 2486), lancés en juin 2013 et juin 2015.

Ces satellites, qui ont déjà fait leurs preuves sur le théâtre ukrainien, peuvent observer chacun 250 cibles par jour avec une résolution d’au moins 50 cm. Le n°3 serait même équipé d’une liaison laser pour renvoyer des images en direct via des satellites relais sur orbite géostationnaire.

Guerre électronique

Ce relais pourrait être assuré par le satellite de télécommunications militaire Garpoun (Kosmos 2473) lancé en septembre 2011 et qui doit être rejoint par un second exemplaire le 2 décembre. Les satellites Loutch de génération précédente sont également mis à profit. Enfin, la surveillance électronique est assurée par les deux satellites Lotos‑S (Kosmos 2455 et 2502) lancés en novembre 2009 et décembre 2014 pour remplacer les anciens Tselina de fabrication ukrainienne.

Cette mise en perspective des nouvelles capacités spatiales russes participe à la restauration voulue par le Kremlin de l’image d’une Russie à nouveau capable de se projeter hors de sa sphère d’influence immédiate.

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