Pas de deux

Jusqu’où ne pas aller trop loin ? Dans la gestion de la crise américano-iranienne, Washington et Téhéran ont une approche différente. Des comptes-rendus du Pentagone nous apprennent ainsi que, confronté à une série d’options pour réagir à la tentative de saccage de son ambassade à Bagdad, le locataire de la Maison Blanche a choisi d’emblée la pire, au grand dam de son État-major. Celui-ci n’avait en effet évoqué l’assassinat ciblé du général Qassem Soleimani que pour mieux l’écarter. À Téhéran, les témoignages manquent, mais il semble que l’on a choisi de sauver l’honneur avec une frappe symbolique. Et pour s’assurer que cet aspect symbolique n’échappe pas aux principaux intéressés, ils ont été prévenus à l’avance, indirectement, afin d’éviter un dérapage meurtrier.

Ce pas de deux, où le petit marche sur les pieds du gros pour salir ostensiblement ses souliers vernis en faisant attention à ne pas lui blesser les orteils, a permis aux bourses américaines de démarrer l’année avec un peu d’animation. L’or et le pétrole ont bondi entre les deux frappes, mais ce sont surtout les cours des entreprises américaines de défense qui en ont bénéficié : Northrop Grumman (+ 5,4 %), Lockheed Martin (+ 3,6 %), Raytheon (+ 1,5 %).

On pourra s’étonner de la confiance portée par les investisseurs à ces industriels, grands fournisseurs de solutions de défense antiaérienne et antimissile des États-Unis et de leurs alliés dans la région. En effet, pour la seconde fois depuis septembre, une frappe majeure est lancée sur une zone surveillée par leurs radars, protégée par leurs centres de commandes et défendue par leurs intercepteurs… sans aucune réaction de leur part.

Nous souhaitons à nos lecteurs une meilleure année que ce que la première semaine peut en laisser présager.

AUCUN COMMENTAIRE