Premier lot d’Ariane 6 en 2016

Ariane 6 doit décoller en 2020. Crédit : Airbus Safran Launchers.
Outre sa consolidation cette année, Airbus Safran Launchers doit réussir le passage d’Ariane 6 de la conception à la production industrielle, pour une introduction en 2020.

En marge du transfert des actifs et des personnels depuis ses maisons mères et du rachat des parts du Cnes dans Arianespace, Airbus Safran Launchers, pour le moment réduit à une équipe de 400 personnes, ne chôme pas depuis l’attribution du contrat de développement d’Ariane 6 pour 2,4 Md€ en août dernier.

Premiers contrats

La configuration du futur lanceur européen a été figée et les premiers contrats commencent à être passés avec les divers sous-traitants industriels tels que Sabca et Thales Alenia Space Belgique pour les systèmes de pilotage électromécaniques et la chaîne de sauvegarde, bientôt rejoints par Europropulsion et Regulus pour la propulsion solide, les grandes structures métalliques par MT Aerospace et les grandes structures composites chez Airbus Casa Espacio, les coiffes chez Ruag ou les éléments cryotechniques chez Air Liquide. L’architecture à diamètre unique retenue mi-2015 va permettre de standardiser les outillages entre les Mureaux, où sera intégré le premier étage, Brême où sera intégré le second, et Kourou où ils se rejoindront. La standardisation se retrouve aussi dans les équipements électroniques, avec la généralisation des bus Ethernet.

Des technologies innovantes s’appliquent sur le programme aussi bien au niveau du lanceur lui-même, qu’aux moyens de sa conception. Ariane 6 bénéficiera ainsi d’une avionique intégrée, de systèmes pyrotechniques commandés par voie optique ou de systèmes de pressurisation des réservoirs sans hélium. La fabrication additive – déjà expérimentée sur des éléments de moteurs (générateurs de gaz et injecteurs) et de structure – sera introduite dans la production, tout comme la soudure par friction-malaxage (« friction steer welding »). L’utilisation de maquettes numériques et de réalité augmentée sera généralisée pour optimiser le développement et surtout l’industrialisation du lanceur.

Vinci retourne au banc

Par ailleurs, les campagnes d’essais du moteur Vinci vont reprendre sur le site de Lampoldshausen en Allemagne. Jusqu’ici le moteur avait été testé dans l’enveloppe de vol prévue pour Ariane 5ME et il doit maintenant être testé sur celle, légèrement différente, d’Ariane 6. Par ailleurs, un bâti pour la recette des moteurs de production est en cours d’installation à Vernon, en Normandie.

En juin, Ariane 6 devrait passer l’étape de la revue de définition préliminaire dont les résultats seront présentés à l’ESA avec un engagement définitif sur le calendrier et le prix du développement du nouveau lanceur. En septembre l’ESA devra se décider sur la poursuite du programme au delà des 680 M€ engagés sur un an en août dernier. Cet engagement devra être confirmé par les ministres des États membres participant au programme lors de la conférence de Lucerne en décembre, ainsi que cela avait été prévu lors de la ministérielle de Luxembourg en décembre 2014.

Il sera alors possible de définir la taille et les coûts récurrents pour le premier lot de lanceurs Ariane 6 qui doit être commandé à la fin de l’année ou au début de 2017. Des engagements devront également être pris sur le contrat d’utilisation des infrastructures du Centre spatial guyanais, tout comme sur celui de l’engagement institutionnel européen qui doit garantir une moyenne de cinq lancements par an à répartir entre des charges utiles de l’ESA, de l’Union européenne, d’Eumetsat ainsi que des agences spatiales nationales et des ministères de la Défense. Pour Alain Charmeau, ces engagements sont nécessaires pour qu’Arianespace puisse commencer immédiatement la commercialisation d’Ariane 6, à trois ans du premier vol, avec des tarifs réduits de 40 à 50 % par rapport à ceux d’Ariane 5.

Prévoir la fin d’Ariane 5

Entre-temps, Airbus Safran Launchers prépare également la sortie de scène d’Ariane 5. En premier lieu, il s’agit de continuer à améliorer les performances du lanceur, qui dépasseront pour la première fois 10,7 tonnes sur orbite de transfert géostationnaire au printemps et devraient croître encore en 2017 et 2018. Ensuite, la taille du prochain lot de production devra être définie pour une commande à passer à la fin 2016. Ces lanceurs devraient permettre de poursuivre l’exploitation d’Ariane 5 de 2019 à 2023, au delà des 25 lanceurs actuellement en production, tandis qu’Ariane 6 montera en puissance pour atteindre sa cadence moyenne de onze vols par an.

 

AUCUN COMMENTAIRE