Rafale, une histoire indienne

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Le coup de théâtre est une spécialité de Bollywood et les Indiens sont passés maîtres dans les retournements de situation. Après maints rebondissements, New Delhi devrait finalement signer le contrat d’achat de 36 Rafale, vendredi 23 septembre, en présence du ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian.

Cette annonce intervient après une course de longue haleine : quinze ans se sont écoulés depuis l’expression d’intérêt de l’Indian Air Force et neuf depuis le lancement de l’appel d’offres Medium Multi-Role Combat Aircraft (MMRCA).

Si cet achat était enfin confirmé, il aurait pourtant un arrière-goût amer pour l’industrie française. Lors de la sélection du Rafale en 2012 dans le cadre du MMRCA, Dassault, Thales, Safran et leurs sous-traitants pensent tenir le contrat du siècle pour 126 avions de combat et plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Ils s’emploient à mettre en place une chaîne de production et des partenariats avec l’industrie indienne, pour répondre à l’obligation de production locale de 108 appareils et de compensations industriels (offsets). Mais le « Make in India » cher au Premier ministre Narendra Modi est compliqué à mettre en place et s’avère bien plus coûteux que prévu pour le gouvernement. Les Indiens finissent par y renoncer en 2015 et se tournent vers l’achat gré à gré de 36 appareils, assemblés en France, pour un montant qui avoisine les 8 Md€.

Il va désormais falloir produire les appareils sans obérer trop lourdement la dotation destinée aux armées françaises.

Ce succès à l’export, qui confirme la bonne santé de l’industrie de défense en France, a aussi son revers : il illustre mieux que les discours le regain de tension qui parcourt la planète, où les budgets militaires sont repartis à la hausse en 2015, une tendance qui devrait se poursuivre en 2016.

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