Solvabilité et solubilité

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

L’imaginaire du secteur spatial est empli de constellations. Elles étaient omniprésentes lors de l’édition 2017 de la World Satellite Business Week qui s’est tenue à Paris la semaine dernière. Il y en a de toutes tailles, pour tous les usages : connectivité à haut et bas débit, observation à haute et basse résolution, navigation, météorologie et même un projet de cloud orbital. L’Internet des objets fait figure d’Eldorado. Avec lui, plus besoin de clients humains, le trafic sera généré par les véhicules, l’électroménager voire par des capteurs indépendants.

Le doute existe pourtant sur l’existence et la solvabilité des marchés visés. Au tournant du siècle, l’industrie avait perdu plus de 5 Md$ dans les constellations de téléphonie par satellites lorsque les perspectives de marché avaient fondu comme neige au soleil face au développement du GSM terrestre.

Aujourd’hui, même avec le développement des classes moyennes en Afrique et en Asie, les internautes surconnectés évoluent surtout dans des milieux urbains où la 5G n’aura pas besoin du satellite. Les quatre milliards d’individus sans accès Internet sont eux pour l’essentiel trop pauvres pour se le payer. Cette insolvabilité structurelle pourrait entraîner la dissolution des perspectives de marché mirifiques agitées par les promoteurs de constellations lorsqu’ils doivent lever les milliards de dollars nécessaires à leur réalisation.

Le salut pourrait venir de certains États et de géants tels que Facebook et Google qui pourraient sponsoriser cette connectivité. Les premiers pour soutenir l’éducation et l’économie, les seconds pour multiplier leurs usagers qui pour eux ne sont pas des clients, mais le produit.

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