Déficit d’intensité

Alors que nous bouclons ce numéro, le président Emmanuel Macron pose la première pierre d’une nouvelle usine de production de poudres et chargements propulsifs militaires sur le site d’Eurenco, à Bergerac, en compagnie du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Il y a peu, ce dernier avait « mis la pression » sur MBDA et ses fournisseurs pour augmenter la production des missiles Aster. Ceux-ci ont connu leur baptême du feu en mer Rouge, avec une efficacité redoutable contre les missiles balistiques tirés par les Houthis au Yémen.

Le 31 mars, le ministre a déclaré être sur le point de débloquer un nouveau lot de missiles Aster 30 pour réarmer la batterie antiaérienne SAMP/T cédée aux Ukrainiens. Quelques jours plus tôt, il avait annoncé la signature imminente d’une commande anticipée de 200 missiles Aster, en supplément à celle notifiée en janvier 2023, afin de répondre aux besoins ukrainiens et français. Et pour s’assurer que les livraisons se feront au plus vite, des décrets ont été passés lui donnant des pouvoirs de priorisation des contrats, voire de réquisition. En pratique, la DGA va faire une première injonction à MBDA pour que le missilier constitue des stocks suffisants de composants afin de soutenir une production plus conséquente.

Mais qu’il s’agisse de construire une usine ou de fabriquer un missile, cela prend du temps, même en y mettant les moyens. « Neuf femmes ne peuvent faire un enfant en un mois », dit le proverbe. Redonner à notre industrie les moyens de soutenir un conflit de haute intensité ne se fera pas du jour au lendemain.

La bonne nouvelle est que depuis le début du mois, le rythme des attaques en mer Rouge a sérieusement baissé, comme si les Houthis avaient épuisé leur stock de missiles et de drones. Malheureusement, le front ukrainien, lui, ne connaît pas d’accalmie. Moscou durcit ses frappes et pourrait être tenté de reprendre l’offensive avec les beaux jours.

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