Le boom de Zoom

En septembre 2018, nous vous présentions un partenariat au Japon entre la compagnie aérienne All Nippon Airways et l’agence spatiale Jaxa pour développer la téléprésence robotique. L’enjeu était de se préparer à un avenir où le transport aérien pourrait céder la place à un déplacement virtuel. Une pandémie plus tard, cet avenir a fait une brutale incursion dans notre présent.

Zoom Video Communications, qui exploite l’application de visioconférence Zoom, est un des grands bénéficiaires du confinement et de la fermeture des frontières. De dix millions d’utilisateurs par jour en décembre, Zoom est passé à plus de 300 millions à la fin avril. Sa valorisation s’en ressent. Estimée à 16 Md$ il y a un an, elle atteignait 48,8 Md$ à la mi-mai, soit plus que la capitalisation combinée des sept plus grandes compagnies aériennes – Southwest, Delta, United, IAG, Lufthansa, American Airlines et Air France-KLM – qui s’est dépréciée de 62 % dans le même temps.

Le confinement a accéléré la numérisation des procédures en entreprise et la visioconférence s’est révélée une pratique viable. Il sera difficile de faire rentrer le génie dans sa bouteille. La crise économique annoncée va pousser le monde des affaires à privilégier les procédés les moins onéreux. Une application gratuite sera préférée à de coûteux déplacements en classe affaires quand cela sera possible. Le monde du transport aérien et celui de l’hôtellerie ont du souci à se faire, car il y a peu de chances qu’ils récupèrent l’intégralité de leur segment de marché le plus rentable.

Les écologistes pourront se réjouir d’une possible réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils auront tort. Avant la crise, le streaming émettait déjà plus de CO2 que le transport aérien et, contrairement à ce dernier, il n’investissait pas massivement en R&D pour réduire son empreinte.

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