Le temps du rêve

Il y a quelques jours, l’envolée du drone Ingenuity, traquée du coin de la caméra par Perseverance, a fait frémir les plateaux télés en l’absence de réelles images en direct de Mars. Aujourd’hui le sourire de Thomas Pesquet est dans toutes les médias en attendant son envol dans la capsule de SpaceX. Demain, le télescope James Webb embarquera sur Ariane 5 pour prendre la relève du vénérable Hubble.

Il y aura de la passion, puis le grand public retournera à ses activités quotidiennes bien terriennes.

Que retiendra-t-il ? Qu’Ingenuity était une première, certes, mais il sera bien en peine de décrire sa mission ou son intérêt. Quant à Perseverance, la portée de ses mesures restera réservée aux seuls passionnés de science. Thomas Pesquet retourne sur la Station spatiale internationale, mais qu’y fera-t-il donc à part porter les couleurs européennes et françaises et déguster des petits plats mitonnés pour l’occasion ? Le quotidien bien peu glamour des missions de longue durée, parsemé de prélèvements intimes et de gestion d’expériences semi-automatiques, ne fait pas frissonner. Le bilan scientifique exceptionnel de ce laboratoire extrême échappe, lui, à l’entendement du commun des mortels.

Le JWST impressionnera bien plus par son coût que par les attentes qu’il représente pour la communauté scientifique. Et il n’est même pas question ici du futur observatoire européen Euclid qui étudiera la texture même de l’univers pour y traquer une intangible matière noire.

La vision superficielle du spatial tient le public bien éloigné des enjeux de connaissance et de pouvoir qui le sous-tendent. Pour mieux l’intégrer à cet univers il faudrait l’instruire plus que le distraire, pour qu’il puisse rêver en connaissance de cause.

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