Pertinence

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Cinquante ans après le premier vol de Concorde, les patrons d’Airbus et de Dassault ont exprimé leurs doutes sur l’intérêt de concevoir un nouveau supersonique commercial. Tom Enders a mis en avant les questions économiques et environnementales, Éric Trappier y a ajouté quelques considérations technologiques liées à l’aérodynamique. Le vol supersonique requiert un fuselage de faible diamètre ce qui se traduit par une cabine exiguë. Si l’on souhaite offrir au passager d’un long-courrier supersonique le type de confort auquel il a été habitué à bord des jets d’affaires ou des courts-courriers subsoniques, cela impose de concevoir un appareil aux dimensions déraisonnables au vu de son éventuelle rentabilité économique. Pour mémoire, le Concorde emportait moins de passagers que l’A220-100.

L’histoire aéronautique et spatiale est émaillée de concepts technologiques brillants qui se sont révélés ne pas correspondre aux besoins et aux réalités de leur époque : le supersonique commercial, la navette spatiale, le satellite de forte puissance pour la télévision HD analogique, la constellation de téléphonie mobile, le long-courrier quadriréacteur à deux ponts… Les difficultés financières rencontrées par OneWeb et soupçonnées chez SpaceX, comme l’incertitude sur le marché de Virgin Galactic, menacent de rallonger la liste.

« Je ne doute pas que les ingénieurs sachent le concevoir, mais est-ce que ça a un sens économique ? », s’interrogeait l’an dernier Tory Bruno, patron de ULA, à propos du lanceur réutilisable. Faut-il renoncer pour autant à étudier ces technologies ? Sûrement pas. Concorde a ouvert la voie à Airbus et les satellites TDF au haut débit actuel. Les conditions économiques changent mais la physique demeure et un investissement en R&D avisé peut rapporter bien plus qu’un projet commercial à contre-temps.

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