Contraste

J’ai eu la chance de passer quelques jours en Guyane, pour aller y constater de visu l’avancée des travaux préparatoires au premier vol – tant attendu – d’Ariane 6. Au cours de cette visite j’ai été témoin de l’enthousiasme avec lequel les équipes d’ArianeGroup, du Cnes et de l’ESA travaillent ensemble, portées par un but clair et défini : ouvrir un nouveau chapitre du transport spatial européen, pour restaurer l’autonome d’accès à l’espace du Vieux continent. Ils construisent et s’investissent pour, à terme, construire l’Europe et œuvrer pour un meilleur futur. Je suis rentré de ce déplacement revigoré et optimiste, gagné par la ferveur des nombreux acteurs du programme qu’il m’a été donné de croiser.

À mon retour à Paris, l’ambiance était bien différente. Sous les giboulées, les discussions témoignaient plutôt d’une morosité persistante, avec les échos de la guerre en Ukraine en bruit de fond. L’entêtement de Vladimir Poutine à vouloir attribuer à Kiev une attaque terroriste revendiquée par Daech et la perspective d’un effondrement du front par manque de munitions fournies par l’Occident ne présagent pas de lendemains qui chantent. La dépression guette.

Aux États-Unis, la direction de Boeing se détricote en quelques heures. Les patrons s’en vont et abandonnent les rênes de l’avionneur à des successeurs qui devront affronter la dure tâche de devoir le remettre sur les rails. Justice ne sera jamais rendue aux 346 morts des deux accidents du 737 MAX, mais les passagers traumatisés du vol d’Alaska Airlines pourront porter plainte, car « ils ont été victimes d’un crime » assure la justice américaine. Les démissionnaires de Boeing bénéficieront-ils néanmoins du traditionnel « parachute doré » ? L’histoire ne le dit pas encore.

Quelle morale en tirer ? Peut-être tout simplement que construire est meilleur pour le moral que détruire ou simplement laisser pourrir… Et qu’avec le printemps une renaissance est possible.

AUCUN COMMENTAIRE