Aarok, le drone français qui fait Male

Aarok
L'Aarok doit voler fin 2023 ou début 2024. Crédit : F. Lert - Aerospatium.
C’est un secret bien gardé qui a été dévoilé quelques jours avant l’ouverture du 54e Salon aéronautique du Bourget : un drone Male, de la catégorie du MQ-9 Reaper, conçu et développé par une ETI française. Le prototype de l’Aarok du groupe Turgis & Gaillard a assurément été la surprise du salon.

Exposé juste à côté du stand du ministère des Armées, le drone Male (moyenne altitude, longue endurance) « 100 % français » de Turgis & Gaillard a été l’objet d’une grande curiosité, aussi bien du côté de l’industrie, avec les visites de responsables d’Airbus et de Safran par exemple, que des responsables militaires, avec le passage du délégué général pour l’armement, du chef d’état-major des armées ainsi que des chefs d’état-major des trois armées. L’Aarok a même eu les honneurs du président de la République Emmanuel Macron, qui s’est rendu sur le stand lors de sa visite officielle le 19 juin, jour d’ouverture du salon.

L’objectif du « fabriqué en France »

« Nous sommes très fiers de montrer ce prototype et de voir l’intérêt qu’il suscite », déclare Fanny Turgis, co-fondatrice du groupe. D’un bureau d’études de deux personnes en 2011, l’entreprise est aujourd’hui devenue un groupe de 300 personnes, disposant de neuf sites en France, avec des compétences allant de la maîtrise d’œuvre d’intégration à la maintenance.

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Le drone Aarok avec sa panoplie d’armements sur le tarmac du Bourget. Crédit : F. Lert – Aerospatium.

Fanny Turgis explique que le développement du drone a débuté il y a trois ans, sur fonds propres, avec l’objectif de pouvoir proposer un produit issu le plus possible de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française, dans un contexte d’économie de guerre et de volonté de conserver une autonomie stratégique afin de renforcer la souveraineté nationale en matière d’équipements militaires. L’appareil a été assemblé à Blois, mais deux-tiers de ses pièces ont été réalisées à Échirolles dans la banlieue de Grenoble.

Un drone multimissions

Missions de surveillance, de reconnaissance, de renseignement, frappes, nœud de communication… L’Aarok affiche une masse maximale de 5,5 t, une capacité d’emport de 3 t ainsi qu’une autonomie de 24 heures. Le drone dispose de six points d’emport et s’expose avec des AASM, des bombes guidées laser ou encore des missiles air-sol Hellfire. Une boule optronique Euroflir 610 de Safran complète le statique. Elle pourra être montée sous le fuselage avec la capacité de s’escamoter à l’intérieur de celui-ci durant les phases de vol de croisière.

Fanny Turgis précise que le drone est « évolutif », en fonction des besoins et qu’il pourrait tout aussi bien être équipé du radar Searchmaster de Thales, voire intégrer une charge de renseignement électromagnétique (ROEM). Le système est composé de trois vecteurs aériens et de deux stations sol, la cabine est la même que celle du Patroller, qui va bientôt entrer en service au sein de l’armée de terre.

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Le drone Aarok avec sa boule optronique et son armement. Crédit : Turgis & Gaillard.

Équipé d’une turbine de 1 200 chevaux, le prototype va dans un premier temps voler avec le turbopropulseur PT6 de Pratt & Whitney, mais Turgis & Gaillard n’exclut pas de nouer un partenariat avec Safran Helicopter Engines pour intégrer l’Ardiden 3TP, tout en envisageant également le Catalyst de GE Aviation. Conçu et produit en Europe, le Catalyst a été retenu pour propulser l’Eurodrone.

Un calendrier serré

Situé dans la gamme de prix entre le TB2 Bayraktar et le MQ-9 Reaper, l’Aarok devrait effectuer son premier vol « fin 2023-début 2024 », indique Fanny Turgis. La mise en service opérationnel est attendue pour la mi-2025, soit cinq ans avant celle de l’Eurodrone. Un argument de poids, face aux retards accumulés par le programme de drone Male européen. Il n’est certes pas question de le concurrencer directement, mais « il y a un manque à combler et nous proposons une solution rapidement déployable », appuie la co-fondatrice de l’ETI, qui annonce être confiante sur la capacité à monter en cadence si jamais une commande devait se profiler à l’horizon.

Le projet a assurément fait parler de lui dans le secteur industriel. Les réactions sont prudentes, mais certains cachent difficilement un sourire lorsqu’on évoque ce nouveau venu dans le paysage. L’étape du premier vol sera en tout cas suivie avec attention, tant du côté industriel que militaire. Reste également à savoir si l’enveloppe de 5 Md€ prévue par la nouvelle Loi de programmation militaire pour l’achat de drones et de robot sera suffisante pour lancer la carrière opérationnelle de ce nouveau drone, si les performances sont jugées intéressantes. Quant aux prospects export, Turgis & Gaillard indique avoir reçu quelques marques d’intérêt de la part de délégations étrangères pendant le salon, sans vouloir en révéler davantage.

Eurodrone
À l’autre bout du salon, Airbus exposait la maquette de l’Eurodrone, déjà vue à ILA en 2018 et au salon du Bourget en 2029. Crédit : F. Peralta Rodriguez – Airbus.

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