Paris teste le ramassage d’ordures par drones

    VoloDrone Ordures
    Le VoloDrone de Volocopter pourrait se charge des charges les plus lourdes. Crédit : Volocopter.
    Les récentes grèves des éboueurs ont amené les autorités de la préfecture de Paris à rechercher une nouvelle solution de ramassage des ordures pour redonner à la ville un visage présentable à l’approche de l’échéance olympique. Les drones pourraient être appelés à la rescousse.
     
    Nous remercions nos lecteurs de ne pas s’être offusqués de cet innocent poisson d’avril, qui respecte une vieille tradition de la presse aéronautique et spatiale française.

    La guerre des poubelles a laissé des traces. La préfecture de police de Paris a commencé à tester en toute discrétion le ramassage des détritus par drones. D’un poids compris entre 2,5 kg et 250 kg, différents modèles sont actuellement mis à l’essai sur la base de Pontoise, dans le cadre du projet Mérou (Moyen écologique de récupération des ordures urbaines). « Les engins doivent être capable de voler à très basse altitude et de soulever les sacs poubelles délicatement, sans les briser », explique Jean-Frédéric Brochet, initiateur, avec l’entreprise Carpe Diem, de ces tests grandeurs nature.

    Une rue parisienne a été reconstituée sur l’aérodrome, avec voitures, trottinettes électriques, vélos abandonnés et rats morts disséminés sur les sacs poubelles. « Soulever les sacs est particulièrement délicats avec les objets hétérogènes qui s’amoncellent dessus », explique le testeur. Le drone doit trouver son chemin parmi les barrières de travaux avant de saisir les déchets avec des systèmes de « serres », ou une « pince-à-sucre » sous élingue développée pour l’occasion.

    Drones ordures
    Un concept de drone équipé de « serres ». Crédit : Prodrone.

    Le but de cette initiative est d’éviter la situation de blocage actuelle au moment des jeux olympiques. Les caméras rivées sur Paris pourraient alors montrer l’avance technologique de la capitale au lieu de se focaliser sur les tas d’ordures et les tranchées dans le bitume. « Il en va de l’image du pays », explique-t-on chez Carpe Diem.

    L’une des principales difficultés rencontrées vient de la grande hétérogénéité des contenants et de leur résistance à la traction. « Il faut éviter que les sacs soulevés ne se déchirent ou se mettent à fuir, il s’agit d’une mission de ramassage et non d’épandage des déchets », souligne Jean-Frédéric Brochet. Le comportement aérodynamique et pendulaire de ces contenants de masse et de densité très variable est également un défi pour le pilotage des drones.

    Adapter les ordures au transport

    Drones ordures
    Le ramassage des ordures à l’unité ne serait pas rentable d’un point de vue économique et opérationnel. Crédit : Skydrone.

    Une solution envisagée serait, à l’instar de ce que préconisait le préfet Eugène Poubelle il y a 140 ans, de généraliser la distribution de contenants normalisés, pourvus de dispositifs d’accrochage et dont la configuration aérodynamique respecte l’équation de Poisson, explique Étienne de Lompe, conseiller propreté à la préfecture de Paris. Un concept Caviar (Conteneur aérodynamique pour véhicule d’intervention autonome de récupération) est à l’étude et sa production de masse, en utilisant des matériaux issu du traitement des déchets, est envisagée. Un financement pourrait être accordé via le programme de réindustrialisation France 2030.

    Une fois récoltées, les ordures seront déposées sur divers sites de récupération en Île-de-France avant leur transfert, par voie aérienne, sur le site de méthanisation de Bar-sur-Aube grâce à des dirigeables gros-porteurs de Flying Whales. En effet, un accord a été trouvé entre la start-up et les régions Île-de-France et Grand-Est, pour que les dirigeables de la première puissent être ravitaillés en hydrogène issu du craquage du méthane issu des ordures.

    Contactée, la Mairie de Paris n’a pas souhaité se prononcer sur ce qu’elle estime être une opération de « repêchage électorale » de la part de la région Île-de-France. « Les Parisiens ne se laisseront pas prendre d’en d’aussi grossiers filets », assure Lotte Enbourride, représentante du service municipal de salubrité publique.

    Le précédent de Volvo

    En 2016, Volvo avait étudié le concept Roar (Robot-based Autonomous Refuse handling) basé sur l’utilisation combinée d’un mini-drone et d’un robot de ramassage roulant. Le premier survolait la zone à la recherche de poubelles pour que le second les ramasse, à la manière dont, sur Mars, le drone Ingenuity guide l’astromobile Perseverance. Le robot était équipé d’un ensemble de capteurs pour qu’il puisse éviter les obstacles. Cette solution est inapplicable à Paris, selon la préfecture, en raison de l’impossibilité pour le robot de manœuvrer sans empiéter sur les pistes cyclables et de l’omniprésence des passants qui l’amènent à s’immobiliser à tout instant pour des raisons de sécurité.

    Roar ordures
    Le concept Roar nécessitait néanmoins la collaboration des éboueurs. Crédit : Volvo.

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