Pertes et profits

« C’est fini. Nous n’y retournerons jamais. » Le jugement lapidaire de cet industriel entendu en marge de la conférence Satellite 2022 sonne le glas de trois décennies de coopération Est-Ouest dans le domaine aéronautique et spatial. En déclenchant l’invasion militaire de l’Ukraine au mépris des traités et en dénonçant le droit international dans son ensemble, le Kremlin a mis la Russie au ban des nations. Il faudrait un miraculeux retournement géopolitique pour que quiconque puisse de nouveau faire confiance, dans un avenir prévisible, à des partenaires industriels russes, pour la plupart inféodés au clan au pouvoir.

Dmitri Rogozine, le patron de Roskosmos, a beau jeu de réclamer que les contrats spatiaux avec la Russie soient désormais payés en roubles pour compenser les sanctions, il n’y en aura plus. Privé de ressources en devises, soutenu par une économie ruinée, le secteur spatial hérité de l’URSS semble voué à s’éteindre.

Depuis l’invasion de la Crimée, il était déjà devenu quasiment impossible de signer de nouveaux contrats sur Soyouz et Proton. Cependant, International Launch Services (ILS) avait encore des licences pour une poignée de missions que sa patronne Tiphaine Louradour proposait en décembre comme alternative à SpaceX si l’introduction des nouveaux lanceurs Ariane 6, Vulcan, New Glenn et même H-3 ne se passait pas aussi bien que prévu. Le Soyouz, lui, permettait à une autre constellation d’exister face à Starlink.

Les deux lanceurs russes sont à présent de l’histoire ancienne et cela fait les affaires d’Elon Musk. Face aux manifestes resserrés et engorgés de ses rivaux, SpaceX se retrouve pour un temps en situation de monopole pour proposer des lancements à court et moyen terme. Conséquence logique : elle aurait augmenté ses tarifs de 20 %.

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