50 ans sur la Lune : Apollo, un héritage industriel cinquantenaire

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Dépose des modules Apollo intégrés au sommet d'un lanceur Saturn 5. Crédit : Nasa.
EN ACCÈS LIBRE – La conquête de l’espace a atteint son apogée il y a cinquante ans avec Apollo 11 et le premier débarquement lunaire. Pour commémorer cet événement, Aerospatium vous propose de passer en revue les acquis industriels de ce programme historique – acteurs, technologies et infrastructures – dont l’influence est encore sensible aujourd’hui, au point que certains reprennent le même rôle dans le programme Artemis de retour vers la Lune.

Le 16 juillet 1969, le lanceur Saturn 5 SA-506 décollait de Cape Canaveral emportant vers la Lune le module de commande et le module lunaire de la mission Apollo 11, ainsi que son équipage. Quatre jours plus tard, l’alunissage du LM-5 « Eagle » dans la plaine de Mare Tranquillitatis et le débarquement des astronautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin marquait la victoire des États-Unis dans la course à la Lune.

Surtout, il respectait le calendrier fixé par le président John F. Kennedy huit ans, un mois et vingt-six jours plus tôt, lorsqu’il avait annoncé que ce premier alunissage habité serait accompli avant la fin de la décennie. Ce succès a été arraché au prix du sacrifice d’une grande partie de ce qui devait lui donner du sens, à savoir le programme des Applications Apollo.

Car dans le discours du 25 mai 1961, la course à la Lune n’était pas l’objectif, mais bien le prétexte destiné à faire passer une vision à bien plus long terme que cette fin de la décennie. Surtout cette vision allait bien au-delà du simple fait de laver l’affront des premiers succès spatiaux soviétiques – culminant avec le vol orbital de Youri Gagarine le 12 avril 1961 – ou du fiasco de l’expédition de la Baie des Cochons à Cuba la semaine suivante.

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Sous le regard de Lyndon Johnson, qui en était l’instigateur, John F. Kennedy donne le coup d’envoi de la course à la Lune à la tribune du Congrès, le 25 mai 1961. Crédit : Nasa.

Une vision industrielle et stratégique

À l’instigation de son vice-président Lyndon Johnson, qui fut le véritable moteur de l’opération, John Kennedy a fixé l’objectif lunaire pour forcer les Soviétiques à démarrer comme les Américains d’une feuille blanche. Depuis quatre ans, Moscou disposait d’un avantage avec le lanceur R-7 – dont dérive l’actuel Soyouz – conçu initialement comme un missile intercontinental pour une bombe nucléaire non miniaturisée. Pour la Lune, celui-ci serait trop petit et de nouveaux développement s’imposeraient.

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Le décollage d’Apollo 11, le 16 juillet 1969. Crédit : Nasa.

Toutefois, l’objectif était avant tout de motiver – et subventionner – le développement aux États-Unis d’une infrastructure industrielle spatiale à grande échelle, qui serait capable, une fois qu’elle aurait décroché la Lune, d’accomplir n’importe quel exploit. Le matériel développé pour Apollo – un programme de capsule polyvalente imaginée dès 1960 – servirait à créer des stations spatiales sur orbite basse ou géostationnaire où elles pourraient servir de « fermes d’antennes » pour les télécommunications. Il serait possible de desservir une base lunaire et d’assurer l’exploration de Mars par des sondes Voyager.

L’assassinat de Dallas, le 22 novembre 1963, en a décidé autrement. Le calendrier fixé par le président deux ans et demi plus tôt l’a emporté sur la vision à long terme. Les investissements ont été focalisés sur l’objectif à court terme et Apollo s’est achevé en 1972, après six débarquements lunaires. L’impression de gâchis après une course qui semblait avoir le prestige pur seul objectif a longtemps marqué l’imaginaire collectif.

Au-delà de la Lune

Du programme d’Applications Apollo n’a subsisté que la station Skylab, bricolée à partir d’un troisième étage de Saturn 5, et qui a été occupée trois fois en 1973 et 1974, avant d’être détruite en 1979 lors d’une rentrée incontrôlée dans l’atmosphère. Les instruments scientifiques déposés sur la Lune avaient été éteints par la Nasa dès 1977 afin de libérer des antennes pour les sondes vers l’espace lointain.

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Séparation du premier étage de Saturn 5 lors du lancement d’Apollo 11. Crédit : Nasa.

Apollo a néanmoins laissé un héritage qui perdure un demi-siècle plus tard et marque le succès de la vision de Lyndon Johnson : une infrastructure industrielle unique au monde, capable de gérer des projets pharaoniques, avec des installations et des équipements taillés pour le gigantisme. Les industriels à l’origine du succès d’Apollo se sont restructurés mais la plupart sont toujours là, toujours actifs et largement impliqués dans les nouveaux projets lunaires actuels, après avoir joué un rôle stratégique durant quatre décennies de développement et d’exploitation de la navette spatiale.

Même les nouveaux noms, qui se sont imposés dans le secteur en usant et en abusant de la terminologie de « New Space », sont pour la plupart des héritiers des technologies, et parfois des brevets, hérités du programme Apollo.

Cet été, Aerospatium vous propose de faire un tour d’horizon de cet héritage, parfois inattendu.

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