Plus de 300 scientifiques, représentant vingt organisations, se sont rassemblés le 6 octobre sur les marches du Capitole, à Washington, pour protester contre la coupe de la moitié du budget scientifique de la Nasa. Cette manifestation intervenait alors que le gouvernement américain est suspendu depuis le 1er octobre suite à l’échec du vote sur le budget fédéral, qui inclue évidemment celui de l’agence spatiale.
Coïncidence, ce même 6 octobre, à Paris, Sébastien Lecornu remettait la démission de son gouvernement, à peine 14 heures après sa formation, établissant ainsi un nouveau record d’éphémérité !
Pour les équipes de l’ESA, qui préparent d’arrache-pied la réunion du Conseil ministériel qui doit se tenir à Brême les 26 et 27 novembre, la situation va de mal en pis. Depuis plus d’un an, avant même l’élection de Donald Trump, elles envisagent différents scénarios. Elles devront présenter aux ministres des feuilles de route tenant compte des revirements de la Maison Blanche sur des programmes en coopération avec les Européens, tels qu’Artemis, le retour d’échantillons martiens ou le simple lancement de la mission ExoMars. Certes, il s’agit d’une minorité de lignes budgétaires, mais elles font partie des plus emblématiques.
Le dernier shutdown américain avait duré 35 jours. Celui-ci pourrait aussi s’éterniser. Lorsque les ministres européens se retrouveront à Brême pour décider des financements sur les trois ans à venir, les incertitudes sur les partenariats avec l’ESA n’auront peut-être pas été levées. Mais de plus, la France, deuxième bâilleur de fonds de l’agence, n’aura probablement pas de budget, voire pas de gouvernement, et il lui sera difficile de défendre ses priorités. Berlin et Rome ne manqueront pas d’en profiter.