Comment peut-on être perçant ?

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Au gré des aléas géopolitiques, les adversaires d’hier deviennent des partenaires fréquentables et sitôt la barrière des sanctions levée, l’industrie tente une percée sur ces nouveaux marchés soudainement accessibles. Ce fut naguère le cas en Russie et en Chine. Aujourd’hui c’est l’Iran qui faire figure d’Eldorado. Avions, technologies et peut-être même satellites étaient au menu des discussions lors de la visite en France du président Hassan Rohani. Les industriels européens semblent sur le point de décrocher le gros lot et doivent adapter leur outil de production pour tenir des délais de livraison intenables, au grand dam de leurs rivaux américains.

Cette percée est-elle réelle ou illusoire ? Les curseurs de la réglementation sur les exportations sont toujours à Washington. Les industriels ayant misé sur les marchés russes ou chinois sont bien placés pour savoir combien les meilleurs investissements sont à la merci d’un brusque changement des règles, initié par des lobbyistes des rives du Potomac. Il s’agit parfois de contraindre l’industrie d’un allié fidèle plus que de soumettre un gouvernement retors.

Toutes les sanctions envers l’Iran ne sont pas levées et une reprise de son programme nucléaire, destiné à sanctuariser son territoire, n’est pas à exclure. Qu’adviendra-t-il alors de tous ces contrats ? Les précédents ne manquent pas pour illustrer combien les Européens sont incapables de prémunir leur industrie contre les sanctions décidées au Capitole, pour qui a eu le malheur de faire affaire avec un adversaire politique des États-Unis.

Tout apprenti stratège sait que pour réussir une bonne percée, il faut surveiller ses flancs et assurer ses arrières. Cela implique de surveiller ses ennemis, et ses amis plus encore.

PARTAGER

AUCUN COMMENTAIRE