Réanimation

La sortie du confinement, à partir du 11 mai, ne sera pas une sortie de crise. Pour beaucoup, qui ont passé ces huit semaines dans le refuge de leur foyer, ce sera plutôt un premier contact avec sa dure réalité. Comme des astronautes de retour d’un long séjour sur orbite, affaiblis par le manque de gravité, nous allons tituber, anesthésiés que nous sommes par le manque de certitudes sur notre avenir, aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique voire politique.

Reprendre contact avec les autres va être une source de stress additionnel après deux mois de matraquage sur l’importance des « gestes barrières ». La tentation est grande d’invoquer le principe de précaution et le droit de retrait pour retourner s’abriter dans ce confinement aux allures de coma autistique, loin des dangers du monde extérieur.

Le Covid-19 nous a rappelé notre vulnérabilité et notre propre mortalité. La crise qui se développe sous nos yeux va nous rappeler la fragilité et la mortalité des économies qui ont assuré notre survie dans ce confortable confinement durant lequel nous n’avons manqué ni de nourriture, ni d’eau potable, ni d’électricité, ni d’accès Internet.

La pandémie est loin d’être finie mais il faut commencer à en payer le prix. La relance de l’industrie va se faire au rythme des plans d’aide et des plans sociaux. La légitimité des uns et des autres, de part et d’autre de la même balance, risque fort d’envenimer les rancœurs sociales et politiques. Et au moment où l’on aurait besoin d’eux, le gouvernement français a achevé de se discréditer en tentant de prendre le contrôle de l’information, tandis que l’Europe a vu ses fondements sapés par les constitutionnalistes de Karlsruhe.

Ce monde a besoin d’inspiration et de motivation pour se remettre debout. La Chine et les États-Unis rêvent de la Lune. Où rêvons-nous d’aller ?

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