À court d’arguments

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

La rhétorique est morte. Il ne s’agit plus de convaincre mais de couper court à toute discussion pour évacuer les dossiers et passer à autre chose. La déclaration du Premier ministre français Édouard Philippe, le 17 janvier, entérinant la décision d’enterrer le projet d’Aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes aurait pu évoquer tout un ensemble d’arguments pour justifier cette décision.

En 2016 et en 2017, deux rapports détaillés ont été réalisés sur la question, ainsi que nous en avons rendu compte dans les pages de nos n°7 et 46. Ils tenaient compte de problématiques modernes apparues bien après la conception initiale du projet, il y a 55 ans.

Le gouvernement a préféré évoquer une absence de soutien de la part de la population qui s’était pourtant prononcée par référendum. Se plaçant en Salomon, intouchable car se voulant libre de tout engagement partisan sur le dossier, il a rendu la justice – au sens de définir ce qui est « juste » – et ne s’abaissera pas à débattre d’éléments techniques ou économiques qui n‘intéresseront que les experts et ennuieront le vulgum pecus.

Or ces argumentations sont nécessaires, ne serait-ce que pour que les zélotes des deux bords, retranchés dans leur approche dogmatique respective, puissent prendre du recul afin de les analyser et les digérer. Que l’on soit d’accord avec elles ou non, intégrer ces conclusions dans une réflexion cohérente est une nécessité pour que la gestion des prochains dossiers ne se fasse pas sur les réseaux sociaux.

Si cet effort n’est pas fait, le mythe d’une « victoire des zadistes » s’installera, et avec lui l’idée que tout projet, bon ou mauvais, peut être combattu plus efficacement avec de l’inertie qu’avec des idées.

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