Eschatologie aérienne

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Le trafic aérien doit doubler dans les quinze prochaines années et les écoles, les compagnies et même les avionneurs cherchent à former les centaines de milliers de pilotes nécessaires à l’expansion attendue du trafic, qui doit doubler tous les quinze à vingt ans. Les carnets de commandes des avionneurs sont pleins et l’avenir de la filière est au beau fixe.

Mais si ce scénario ne se produisait pas ?

Si le mouvement anecdotique du « Flygskam », ou honte de prendre l’avion, lancé en Suède, s’étendait massivement auprès d’Occidentaux culpabilisés ? Le pays a déjà connu en un an une baisse de 4,4 % du nombre de passagers.

Les messages catastrophistes qui se succèdent de manière accélérée sur le climat, la pollution, le plastique et l’égoïsme du mode de vie occidental commencent à avoir un effet, notamment auprès des plus jeunes. Si l’air est irrespirable dans dix ans, les animaux sauvages morts dans quinze, à quoi bon s’offrir ce luxe inutile et polluant que représente un voyage en avion ?

Le transport aérien européen et la filière qui le soutient risquent d’être les premiers boucs-émissaires des messages eschatologiques répétés en boucle. Il est encore possible de traverser l’Europe en train, ce nouveau luxe des étudiants peu pressés. Ce serait oublier ce que permet aujourd’hui l’avion aux populations de pays en voie de développement, qui travaillent loin des leurs. Aux Philippines ou en Chine, seul l’avion permet un transport sûr et rapide. La jeune génération occidentale, prompte à délocaliser sa propre pollution au nom de sa quiétude égocentrique, ne doit pas oublier les populations moins favorisées, pour lesquelles l’avion n’est paradoxalement pas un luxe mais une nécessité.

AUCUN COMMENTAIRE