La Russie rétablit sa capacité de veille spatiale

Le Soyouz porteur du premier Toundra.
Le premier satellite Toundra du programme EKS doit succéder au système Oko pour restaurer une couverture antimissile depuis l’espace inopérante depuis dix-huit mois.

Après quinze années d’un développement erratique, le lancement du premier satellite du réseau EKS (Edinaya Kosmitcheskaya Sistema) a eu lieu le 17 novembre à partir de Plessetsk. Le lanceur Soyouz 2.1b/Fregat M a décollé à 6 h 34 TU et cinq heures plus tard, un satellite désigné sous le nom générique de Kosmos 2510 a été séparé sur une orbite elliptique parcourue en onze heures et 54 minutes (1 626 x 38 552 km, inclinée à 63,79°).

Cette orbite est assez similaire à celle des anciens satellites de liaisons tactiques Molniya, mais avec un périgée plus élevé. Elle devrait être prochainement mise en phase pour que le satellite puisse effectuer quotidiennement deux longs passages – quasi-stationnaires – à la verticale des États-Unis puis de la Chine, tout en conservant une bonne visibilité sur l’Arctique et les zones de hautes latitudes.

Initié en 2000, le programme EKS devait initialement voir le jour en 2005 pour prendre la suite du système Oko, développé par NPO Lavotchkine et TsNII Kometa dans les années 1970. Celui-ci panachait satellites géostationnaires et gravitant sur les mêmes orbites que les Molniya.Toutefois, EKS a subi une succession de retards liés à des problèmes d’organisation et de définition, ainsi que par la difficile mise au point de sa charge utile infrarouge par TsNII Kometa. En 2010, le premier contrat avec RKK Energiya, maître d’œuvre sélectionné en 2007, a été annulé. Après un passage en justice qui a forcé l’industriel à rembourser quelque 200 M de roubles, le marché a été rétabli en 2012. Les essais sur le premier satellite Toundra (14F135), construit sur la base de sa plateforme USP Viktoria, ont été réalisés en 2014, mais le lancement a été reporté plusieurs fois en 2015.

Le dernier satellite du système précédent Oko, Kosmos 2479, aurait cessé de fonctionner en avril 2014 après deux ans sur orbite, forçant la Russie à limiter son réseau d’alerte antimissile aux moyens radars terrestres.

Cinq autres satellites Toundra seraient prévus jusqu’en 2020. Outre leur mission d’alerte, ils comporteraient aussi un relais de télécommunications sécurisées pour les liaisons gouvernementales en cas de conflit nucléaire. Selon le ministère russe de la Défense, chaque satellite Toundra aura une capacité de surveillance équivalente à celle de cinq ou six satellites de l’ancienne génération.

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