Sursis

Le délicat mécanisme diplomatico-industriel qui accompagne les efforts de coopération européens, et plus particulièrement franco-allemands, s’agite avec lenteur. On pourrait presque l’entendre cliqueter avec peine, poussé par ceux qui déploient toute leur énergie pour éviter qu’il ne se grippe et s’arrête, peu importe combien d’autres viendront verser du sable dans les rouages ou tireront avec insistance tous les leviers pour le faire dérailler à leur profit.

Le 30 août, trois mois et demi après avoir été annoncé et deux mois après avoir reçu un feu vert partiel du Bundestag, l’accord intergouvernemental franco-germano-espagnol sur la poursuite du programme Scaf (Système de combat aérien futur) a été discrètement signé à Paris.

On comprend le manque d’enthousiasme à communiquer de la plupart des signataires : les négociations avec l’industrie n’ont toujours pas abouti et le soutien du Bundestag reste conditionné à la résolution des questions de propriété intellectuelle (en faveur de l’Allemagne bien sûr). Paris, Berlin et Madrid se sont mis d’accord pour investir 3 Md€ jusqu’en 2024. Mais seuls Paris et Madrid sont prêts à poursuivre jusqu’à la réalisation d’un démonstrateur en 2027. Cet investissement tripartite de 4,2 Md€ sera grandement conditionné par la couleur de la chambre basse allemande au lendemain des élections fédérales du 26 septembre.

Sur ce dossier comme sur celui de l’accès à l’espace, outre-Rhin, on se soucie moins des contraintes géostratégiques à long terme que de l’économie locale et immédiate, en confiant la sécurité continentale à Washington. Mais le regard de l’Amérique se porte déjà loin de ses alliés. Son avenir ne se joue pas sur nos rivages.

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