Mon ego sur la Lune

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

N’en déplaise à Donald Trump, il ne sera pas le John F. Kennedy du 21e siècle, même s’il parvient à forcer la Nasa à ramener des astronautes sur la Lune avant son départ de la Maison Blanche. Avec la course à la Lune, JFK ne jouait pas pour son agenda personnel. Même sans Dallas il n’aurait plus été en poste pour féliciter Armstrong et Aldrin. Il fixait juste un objectif ambitieux afin de doter les États-Unis d’une industrie spatiale capable de relever tous les défis face aux Soviétiques et au reste du monde. Son successeur actuel cherche un événement historique à mettre à son bilan, quitte, s’il le faut, à casser l’outil dans l’opération.

Le SLS est un programme dont il sera difficile de faire l’économie. Sans lanceur géant, la desserte de la Lune et l’exploration interplanétaire habitée deviendront bien plus complexes à réaliser. S’il est long et coûteux c’est aussi parce qu’il n’est plus question d’aller sur la Lune en prenant autant de risques qu’avec Apollo. Risquer la vie d’un équipage pour être le premier à planter un drapeau n’est plus acceptable.

La guerre froide est finie et invoquer la menace chinoise n’en ressuscitera pas l’esprit. La Chine ira sur la Lune et se soucie peu de la date. Il n’y a pas de course, si ce n’est à l’ego.

En mettant un terme à l’illusoire programme Constellation, Barack Obama avait paradoxalement ranimé l’esprit de Kennedy : la capsule Orion et le lanceur SLS sont des outils d’exploration. Leur stratégie et leur calendrier d’utilisation devaient venir ultérieurement. Les remettre en cause alors que leur développement s’achève n’a aucun sens. Aucune alternative commerciale ne peut les remplacer plus rapidement et avec les mêmes garanties de fiabilité.

Un cow-boy devrait savoir qu’il n’arrivera pas plus vite à bon port en tuant son cheval dans l’espoir de le remplacer par une licorne.

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