La pesée des âmes

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Les anciens Égyptiens imaginaient qu’à notre mort, nous devrions passer devant le dieu chacal Anubis et que nos actes ici-bas seraient jugés en posant notre cœur dans le plateau d’une balance et une plume dans l’autre. Malheur à qui aurait le cœur trop lourd, la déesse Âmmout le dévorera.

Les choix qui incombent aux dirigeants de notre monde sont souvent trop complexes pour être jugés avec manichéisme, mais la question des priorités ne devrait pas être approchée sans une approche philosophique et morale.

Ces dernières semaines, de grandes responsabilités dans de grands drames ont été mises au jour. Que penser de ces choix souvent malavisés et que penser de l’entremêlement de conditions, de pressions et de compromis qui ont amené à leur mise en œuvre ?
Quand un avionneur sait qu’un système vital d’un appareil qu’il commercialise est défectueux et qu’il ne propose qu’en option l’alarme permettant de le contrecarrer, à quelle contrainte jugée supérieure obéit-il ? Que penser si l’on découvre qu’en outre cet appareil est exploité dans des conditions dont il sait qu’elles lui sont inadaptées ? Et que penser des autorités de régulations qui l’y autorisent ?

Défendre notre culture, notre mode de vie, notre pensée politique coûte cher. Doit-on pour en alléger le fardeau financier accepter d’exporter des systèmes d’armes vers des alliés des circonstances dont nous jugeons nous-mêmes la morale indéfendable ? Qui est responsable : l’industriel, le gouvernement qui valide ces exportations, les électeurs de ce gouvernement, ou tous ceux – citoyens concernés ou alliés moralistes – qui sont bien contents de bénéficier d’un parapluie protecteur dont ils n’assument pas le coût ?

Face à la balance simplificatrice, mieux vaut avoir bien pesé ses choix, pour assumer pleinement ses responsabilités.

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