Dei ex machinis

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Dans une culture où la richesse est vue à la fois comme le fruit d’un entreprenariat réussi et une reconnaissance divine, la figure du milliardaire philanthrope – reclus ou surmédiatisé – a pris une place particulière dans la psyché américaine. Que cette richesse batte des records et l’on voit apparaître des figures messianiques qui semblent destinées à changer le monde. Les considérer comme de simples hommes d’affaires doués serait une erreur.

En présentant la nouvelle itération de son BFR, Elon Musk a été incapable de donner un budget précis pour son développement. Pour lui, là n’est pas le problème, du Falcon 9 à la constellation Starlink, il met sur pied une pyramide dont il espère qu’elle générera une fontaine de revenus pour financer son projet de colonisation martienne.

Jeff Bezos affirme vouloir sauver la Terre de la pollution en transférant sur orbite les industries. Dans ce projet, Blue Origin n’est qu’un outil. S’il ne peut en rentabiliser l’exploitation, il s’en fera le mécène. Il en a les moyens.

Face à eux, que penser de cette industrie européenne qui vit dans un monde avec des règles et des budgets qui doivent être votés, où les sous-traitants veulent être payés et les employés avoir des conditions de travail décentes ? Les Européens n’ont pas de dispendieux mécènes, mais ils ont des responsabilités à gérer. Dans ce contexte, les tergiversations des politiques qui tardent à tenir leurs engagements fragilisent l’accès européen à l’espace sur un marché où s’ébrouent des titans peu soucieux des dégâts qu’ils peuvent causer.

Or, à moins de prêter allégeance à ces olympiens modernes, il va bien falloir s’organiser pour survivre à leur possible succès, comme à leur éventuelle chute.

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