L’usine à rêves est en panne

Barensky Aerospatium Edito
Stefan Barensky, rédacteur en chef d'Aerospatium.

Les journalistes sont régulièrement amenés à animer des tables rondes. À la veille du Salon du Bourget, l’équipe d’Aerospatium en a animé cinq au Paris Air Forum organisé par nos confrères de La Tribune. Que ce soit sur l’Europe de la défense ou de l’espace, ou sur le positionnement dans le domaine du New Space, les débatteurs en viennent toujours à invoquer l’absence, chez le grand public, d’une conscience des enjeux et des atouts français et européens. Ils déplorent qu’on ne reconnaisse pas les incroyables prouesses technologiques de nos industriels et de nos scientifiques. Seuls les Américains, avec la force de frappe inégalable de leur soft power hollywoodien, ont droit à une reconnaissance internationale, pas toujours méritée qui plus est.

L’édition 2019 du salon du Bourget a illustré à l’extrême cette défaillance de communication. Le cinquantième anniversaire d’Apollo 11 était une occasion exceptionnelle de mettre en valeur le savoir faire européen en matière d’exploration et les nombreuses contributions, actuelles ou projetées, au programme de retour à la Lune. Le grand public, venu en masse, n’en a rien vu, car l’ESA a choisi de ne rien présenter. Les visiteurs non-informés auront retenu que la grande aventure se poursuivra comme elle a commencé : sans l’Europe.

Aux États-Unis, les promesses de l’exploitation de la Lune et de la conquête de Mars, pour chimériques qu’elles soient, font rêver les foules. En France, des chercheurs écologistes demandent à Thomas Pesquet de dénoncer en bloc la conquête spatiale au nom de la protection de l’environnement sur Terre. Un relent de flygskam spatial était juste ce qu’il nous manquait pour étouffer nos ambitions spatiales et scientifiques et laisser le système solaire ouvert à ceux qui ne partagent pas nos scrupules.

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